Gabon/Ouverture ce matin du Dialogue national inclusif : Ils sont tous présents !

Par Brandy MAMBOUNDOU / 04 avr 2024 / 0 commentaire(s)

 

La lutte pour la démocratie et le multipartisme a connu des moments très mouvementés dans notre pays. Des pionniers de ce combat ont perdu la vie sur la voie de la démocratisation et, surtout, en voulant voir le Gabon sur le chemin du développement, grâce à une culture démocratique et consensuelle. D’autres sont morts des séquelles de ce combat.

Bis repetita, pourrait-on dire aujourd’hui, au moment où s’ouvre le grand forum de la refondation d’une nation en quête du développement et du vivre-ensemble. La Conférence nationale de 1990 avait déjà semé l’espoir d’un Gabon-nouveau et convivial. Mais à l’arrivée, les démons de la déstabilisation ont annihilé tout le bénéfice de ces assises, ne laissant à la population qu’un sentiment d’arrière-goût amer.

Certes, comme disait Albert Einstein, « la liberté consiste à se discipliner au lieu de se laisser discipliner », les Gabonais devront, dorénavant, se trouver les voies et moyens pour obtenir ce qu’ils voudront pour eux-mêmes et aussi pour ce qui serait l’idéal pour la nation gabonaise.

Les assises qui s’ouvrent ce matin pourraient aboutir à ce que les Gabonais, eux-mêmes, voudront. L’essentiel ne sera pas de se réunir pour plancher sur des faits qui n’auront que la durée d’une rose, au lendemain incertain et surtout où les mêmes tares referont surface une fois les lampions éteints.

On le sait, « Quand l’argent parle, la vérité se tait ». Mais faudra-t-on être véniel face à nos propres turpitudes ? N’est-il pas temps de mettre un accent particulier sur l’essentiel, c’est-à-dire sur le « Gabon d’abord » et la dignité d’être citoyen de ce pays ?

Aujourd’hui commence la naissance d’un autre Gabon, celui rêvé par nos ancêtres et celui que réclament ses composantes. Nos vaillants devanciers sont à l’écoute de tout ce qui se dira à partir d’aujourd’hui, jusqu’au 30 avril. Mais ces mêmes ancêtres et pionniers du combat politique pour une véritable nation démocratique savent, d’ores et déjà, ce que nous ferons de ces assises. Allons-nous accepter de mettre nos ambitions personnelles avant la reconstruction du Gabon ?

Dictature ignominieuse

Il faudrait toujours se rappeler les enseignements de nos ancêtres : « Tout le monde veut devenir unique, alors qu’être unique c’est de ne pas chercher à l’être ». Autrement dit, ceux qui veulent profiter de la présente tribune pour se faire un nom ou un trésor, devront savoir qu’ils participent honteusement à la désagrégation de la nation, et que les prochaines générations ne manqueront pas d’aller cracher sur les tombes.

Hier, nos devanciers ont bravé une dictature ignominieuse, couronnée par un barbarisme sans commune mesure, mais ils n’ont pas lâcher-prise. Ils se sont battus avec les armes à leur portée.

Aujourd’hui, l’occasion nous est donnée pour relever haut les couleurs de la nation qu’ils nous ont léguée, et les présentes assises sont les armes qui détermineront notre avenir et celui de notre nation. Si nous faillissions au devoir de la poursuite du combat, notre honte sera sans limite. Car, comme disait Thomas Sankara, « Honte à celui qui ne fera pas mieux que son père ».

Avons-nous ce sentiment d’être les propriétaires de notre pays ? Alors, rien ne peut justifier notre appartenance au pays si nous laissons passer ces assises sans arriver à faire du Gabon « notre propriété ». Il ne sera plus permis à quiconque de se plaindre d’un lendemain incertain.

Les pionniers nous regardent et nous écoutent

Mais depuis quelques mois, les jalons d’un échec ne sont-ils pas tracés ? Rien que pendant la phase préparatoire, les ambitions biaisées ont fait jour. Le chef de l’Etat est constamment induit en erreur par ceux-là mêmes qui devraient être la courroie de transmission entre lui et le peuple. A partir de ces réalités, devrons-nous déchanter d’un avenir où, comme disent les autres, les carottes sont totalement cuites ?

Certes, le Dialogue national inclusif n’a pas vocation à être un tribunal, mais lorsque l’exclusion de certaines ressources humaines semble un maître-mot, rien ne peut garantir une suite sereine. Ils sont là. Ils nous regardent et nous écoutent. Si nous devons honorer la mémoire de nos chers disparus pour la cause, il nous faut relever les défis de la refondation et de la véritable restauration des institutions et de nos valeurs. Le reste ne sera qu’un vaste théâtre.

Arnold Otounga

Article du 4 avril 2024 - 9:39pm
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