Gabon : Les Démocrates ne sont pas morts !
Coup sur coup, blessures après blessures, rien ne semble éteindre la volonté des leaders de ce parti d’opposition à tenir haut le chemin de l’alternance. Pourtant, certains partants les croyaient si affaiblis. Que nenni ! En organisant une journée thématique samedi dernier, Nzengue Mayila et les siens montrent qu’ils n’ont pas dit leur dernier mot.
Dans l’opinion, il ne fait aucun doute que le parti de Guy Nzouba Ndama a du plomb dans l’aile, tant Steeve Dieko Nzegho, secrétaire général du PDG, et ses chefs, n’ont cessé de harceler Les Démocrates au point de leur arracher souvent des élus. Au cours de la journée thématique qu’ils ont organisée samedi dernier à Libreville, le Vice-président du parti, Philippe Nzengue Mayila, a été clair : « Nous sommes un parti dont le leader est résolument tourné vers l’avenir du Gabon, plutôt que vers son passé avec le PDG. Car, prisonniers du passé, on s’interdit l’ouverture vers l’avenir ».
Tout bien dit, il affirme par cela que Les Démocrates ne sont pas morts et qu’ils ne repartiront pas au PDG. Rappelant que « en politique comme dans la vie courante, les alliances se font et se défont », il a invité son ancien camarade Jonathan Bignoumba, dernier démissionnaire du parti, de s’occuper désormais de ses oignons plutôt que de rêvasser d’une fusion-absorption de Les Démocrates avec le PDG. Pendant son discours de démission du parti de Guy Nzouba Ndama et d’adhésion au PDG d’Ali Bongo, ce dernier a en effet promis à ses nouveaux camarades de leur ramener la tête du président de Les Démocrates. Nzengue Mayila dit « niet ».
Jonathan Bignoumba a quitté le parti
Les démissions au sein de ce parti sont tombées en cascade, Guy Nzouba ayant non seulement perdu des poids lourds de son parti, mais aussi un groupe parlementaire à l’Assemblée nationale. Jonathan Bignoumba a quitté le parti après les démissions d’autres députés, tels qu’Akuré Davin et Moulengui Mabende. Ce qui affaiblit considérablement le parti au sein du parlement mais aussi dans l’échiquier politique national. Le PDG, usant de la puissance publique, cherche régulièrement à affaiblir ses adversaires au moyen de pressions et intimidations sur eux. Il en fut ainsi par exemple de l’Union nationale, dépouillé de ses cadres au point de l’affaiblir considérablement. Les débauchages font désormais partie de la politique du PDG, incapable d’impulser la modernisation et le progrès du pays, dénonce Nzengue Mayila.
Les ennuis judiciaires dans lesquels est empêtré Guy Nzouba Ndama sont imputables, selon Les Démocrates, à une justice qui manque d’indépendance à l’égard de l’Exécutif. Ne sera-t-il pas candidat à la présidentielle censée être organisée cette année ? Cette éventualité n’est-elle pas à l’origine de ces démissions ? Car si nombre de Les Démocrates ont quitté le PDG en 2016 pour créer justement cette formation politique, ce n’était pas pour demeurer dans l’opposition, confessent quelques-uns.
Comment prendre le pouvoir des mains du PDG ?
Il s’agissait plutôt de se battre pour prendre le pouvoir selon les règles démocratiques. Mais Guy Nzouba Ndama ne s’est pas présenté à la présidentielle de 2016 et il est peu probable qu’il soit partant à celle de 2023. Comment prendre le pouvoir des mains du PDG alors que leur leader n’est pas candidat à la présidentielle et ne peut donc prétendre assurer le retour de ses amis au pouvoir ? Pour que cette ambition se réalise, certains démocrates ont pris le court chemin : démissionner et revenir à la maison mère. Parce qu’ils ne peuvent supporter longtemps de demeurer opposants, car l’opposition est un sacrifice, sans argent, sans privilèges.
De ce point de vue, ceux qui restent chez Les Démocrates sont de braves hommes. Mais comment résoudre l’équation de la prise du pouvoir pour sortir de la précarité politique et enfin bâtir le Gabon sur des bases durables ? Là est toute la question. Et il ne fait aucun doute que même Philippe Nzengue Mayila se la pose.
Elzo Mvoula
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