Gabon : Quid des missions du Haut-Commissariat de la République ?

Par Brandy MAMBOUNDOU / 17 juil 2023 / 0 commentaire(s)
Face à une société en tension permanente, l'action du Haut commissariat de la République est invisible.

Créé pour seconder le chef de l’Etat dans ses obligations pour accomplir des missions que celui-ci leur confiera, le Haut-commissariat de la République serait devenu un fourre-tout. Une structure mise en place pour finalement caser des politiciens et des hauts cadres de l’administration pour les besoins des futures élections. 

La nomination, lors du dernier Conseil des ministres, de deux nouveaux membres du Haut-commissariat de la République, Jonathan Ignoumba (ancien député démissionnaire du parti d’opposition Les Démocrates de Guy Nzouba Ndama) et Estelle Ondo (députée indépendante sortante de la commune d’Oyem), vient à nouveau mettre en question la création d’une telle administration. Si le décret créant le Haut-Commissariat de la République indique que celui-ci est appelé à seconder le chef de l’Etat dans la gestion de certains dossiers d’importance, le commun des Gabonais se demande aujourd’hui à quel niveau se situe ces dossiers et les missions dévolues aux hauts-commissaires de la République. Si l’idée première de la création de cette autorité administrative avait été jugée louable, dans la mesure où celui-ci pourrait être un appui pour le chef de l’Etat pour son accompagnement dans les chantiers d’envergure, actuellement, il semble plutôt que le Haut-commissaire ne pourra se contenter que de sa nomination et des prébendes qui l’accompagnent.

Le décret de création du Haut-commissariat de la République stipule bien que « les Commissaires sont choisis parmi les acteurs politiques et ceux de la société civile, qui se sont illustrés par leur engagement à œuvrer pour l’amélioration des conditions de vie des populations ». Mais depuis plus d’un an que les premiers membres sont en fonction, personne ne comprend jusqu’à présent le niveau de leur contribution à la vie de la nation. 

Quelques tournées en groupe, à l’allure d’un voyage d’agrément à l’intérieur du pays, pour des missions dont l’opportunité échappe au public et des sorties inopinées, comme le voyage aux Etats-Unis d’Amérique, pour soi-disant rencontrer la diaspora gabonaise dans le pays de l’Oncle Sam, sont leurs seules missions connues du grand public. Pourtant, le Haut-Commissariat devrait être un laboratoire de suggestions et de corrections de certaines actions publiques. 

Car, vu la qualité de ses membres, ce département devrait être un outil qui permettrait au chef de l’Etat de booster sa politique de réalisation des promesses qui peinent à voir le jour. Mais, comme disait Omar Bongo, « Entre mes conseillers et moi, qui conseille qui ? » 

Tout le Gabon sait aujourd’hui qu’Ali Bongo a ses éminences grises, dont les conseils profiteraient au plus petit nombre de Gabonais. Les Hauts-commissaires se contenteraient de se tourner les pouces et profiter au maximum des avantages liés à la fonction.

L’entrée en lice de Jonathan Ignoumba et d’Estelle Ondo, nommés au dernier Conseil des ministres, vient confirmer finalement que le Haut-commissariat est devenu un fourre-tout pour loger des acteurs politiques que l’on voudrait mettre à l’écart au profit de quelques apprentis-sorciers, qui répondraient mieux aux exigences de la nouvelle élite du bord de mer. Des nominations aux allures d'éviction de la scène politique. Cela est d’autant plus vrai que Jonathan Ignoumba et Estelle Ondo avaient encore beaucoup à apporter sur leurs sièges respectifs de députés. 

Dans tous les cas, personne ne peut appréhender le bien-fondé de ces nominations que le fait d’une récompense à la traîtrise pour les uns, et une marque de fidélité pour les autres. Rien d’autre ne peut justifier ces choix.

Elzo Mvoula

 

Article du 17 juillet 2023 - 11:46am
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