Sénégal : Macky Sall renonce à un troisième mandat pour éviter davantage de morts 

Par Brandy MAMBOUNDOU / 17 juil 2023 / 0 commentaire(s)
Par élégance, Macky Sall doit gracier son principal adversaire, Ousmane Sonko.

Le 03 juillet dernier, le président sénégalais a surpris le monde entier par son discours de renonciation à un troisième mandat à la tête de son pays. Cette déclaration, qui a fait la Une des journaux à travers le monde, a démontré que ce mandat de trop au Sénégal représentait un volcan prêt à entrer en ébullition.

Véritable ouf de soulagement dans les arcanes politiques des pays francophones, surtout à l’Elysée, où l’éventualité de voir Macky Sall s’agripper au fauteuil présidentiel était vu sous le prisme de la préparation latente des remous au Sénégal. Une situation pour le moins désavantageuse pour la France, qui voit chaque jour la détérioration continue de son influence sur ses anciennes colonies d’Afrique, à cause de sa politique paternaliste sur le continent.

Sur la plan international, l’heure était aux félicitations de plusieurs chefs d’Etat et d’institutions qui ont trouvé, comme un soulagement, dans cette déclaration. Même son de cloche en interne, où son premier challenger, Ousmane Sonko, a jugé que Macky Sall n’a fait qu’abdiquer face à la pression populaire sénégalaise et même à l’international. Avant de déclarer sur France 24 : « Un président sortant s’est vu féliciter par une partie du monde, simplement pour avoir respecté la Constitution de son pays », confirmant une « infantilisation de l’Afrique ».

 Le continent est toujours ridiculisé par la faute de ses dirigeants, qui ne cessent de satisfaire leurs propres intérêts et ceux de la France, au détriment d’une population qui a non seulement soif de développement, mais surtout de démocratie.

Au Sénégal, la France, qui voudrait montrer patte blanche, en déconseillant un troisième mandat à Macky Sall, devrait jouer ce même rôle dans les autres pays d’Afrique. Car, selon plusieurs analystes, la France perd progressivement pied dans ses anciens bastions. Aujourd’hui, la langue française est de plus en plus délaissée ou en voie de l’être. Si le Mali et le Maroc ont été parmi les premiers pays africains à s’éloigner progressivement du français, l’Algérie aurait déjà franchi une étape importante dans la promotion de la langue anglaise sur son territoire.

Ce qui n’augure rien de bon pour l’Elysée

Selon des informations rapportées par Sputnik, l’anglais pourrait devenir une langue d’enseignement, au détriment du français, dans les universités algériennes à partir de la rentrée 2023-2024. Ce qui n’augure rien de bon pour l’Elysée, qui a tout intérêt à reconsidérer sa position, en cessant de défendre les dictatures masquées au détriment des populations dans ses anciennes colonies. Car, ces mêmes dictatures, pour tenter de reconquérir l’opinion de leurs administrés, sont obligées de prendre des mesures allant dans le sens de leur contentement.

En définitive, la France ne doit plus se permettre d’imposer ses protégés aux Africains. Ces présidents, en véritables potentats choisis par l’Elysée, se voient toujours obligés de n’accomplir que ce que la France leur dicte.  

C’est aussi l’avis d’Ousmane Sonko, qui qualifie le pouvoir de Macky de dictature. « Comment appeler un pays où le président recrute des milices privées et leur permet d’ouvrir le feu sur des manifestants non armées ? », s’était-il interrogé sur la chaîne de télévision française. 

Avec sa déclaration du 3 juillet, Macky Sall a su éviter des morts au Sénégal. Car, pour plusieurs militants du Pastef, parti d’Ousmane Sonko, « jusqu’à présent, les Sénégalais ne s’étaient pas soulevés contre le troisième mandat de Macky Sall, mais contre la persécution contre son opposant Ousmane Sonko. » Une réalité qui rappelle que la France doit cesser de choisir les dirigeants des pays africains à la place de leurs populations.

Brandy Mamboundou

Article du 17 juillet 2023 - 12:05pm
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