Dans la perspective d’un nouveau gouvernement: Ali Akbar Onanga Y'Obegue de retour ?
L’ancien secrétaire général du gouvernement, puis ministre, a du souci à se faire. Son passé plaide contre lui. Tant il a été l’un de ceux à qui Ali Bongo a accordé « de larges prérogatives et sa confiance » (dixit Jeune Afrique du 20 mars 2021). Au final, lui, le roi téké, a plus brillé par sa propension à cliver les Gabonais plutôt qu’à être le prolongement de l’action du président de la République.
Pourquoi le Haut-Ogooué est-il sens dessus dessous, et le Gabon dans une situation explosive latente ? Pour répondre à cette question, tous les regards se tournent vers tous ceux qui ont été aux côtés d’Ali Bongo, dès sa prise de pouvoir en 2009 jusqu’à la fin de son premier mandat en 2016. A cause de leur excès de zèle, de leur mépris, de leur arrogance, de leur ignorance des règles basiques du vivre-ensemble, de leur propension à détruire plutôt qu’à construire…, ils ont abîmé la fonction présidentielle.
Pis, au lendemain de l’élection à palabres de 2016, malmené par un groupe d’« ayatollahs » au doux nom du Mouvement gabonais pour Ali Bongo Ondimba (Mogabo), le pondéré Faustin Boukoubi, à l’époque secrétaire général du Parti démocratique gabonais (PDG), a dû démissionner. Le 10 août 2017, il écrivait sur le forum WhatsApp des responsables de cette formation politique : « Très chers collègues, en attendant des instructions de qui de droit, vous voudrez bien désormais vous référer au camarade SGA1, ou à l’un des SGA, en fonction de leurs attributions respectives, pour toute question concernant le Parti. En cas de besoin, vous orientez les militants dans le même sens. Très cordialement. Parfaite considération militante. »
C’est qu’un jour auparavant, à l’hôtel Radisson Blu, Ali Akbar Onanga Y'Obegue, Simon Ntoutoume, Pacôme Moubelet- Boubeya… étaient venus l’humilier, comme ils savaient le faire, publiquement. Inspirés dans cette sale besogne par… Maixent Accrombessi, le tout-puissant directeur de cabinet d’Ali Bongo à l’époque. Au motif que, lui, Faustin Boukoubi, avait osé demander la fin des courants, source de division, au sein du PDG.
Il a forcément pardonné aux uns et autres.
Aujourd’hui, sauf à jouer aux hypocrites, l’actuel président de l’Assemblée nationale a tout sauf oublié cet épisode de son parcours politique. Il a forcément pardonné aux uns et autres, mais, dès que les visages de ces « bourreaux » de l’époque apparaissent, il se remémore certainement ces instants palpitants de son histoire. Comme quoi, du haut de son perchoir, il « sait » Ali Akbar Onanga Y'Obegue et « connaît » Pacôme Moubelet Boubeya.
Aujourd’hui, alors que la formation d’un nouveau gouvernement se profile à l’horizon, la question lancinante est : Ali Bongo va-t-il encore faire confiance à tous ceux qui ont « tué » sa fonction présidentielle auprès des Gabonais ?Pour répondre à cette interrogation, il suffit - pour connaître l’état d’esprit du successeur d’Omar Bongo - de parcourir l’édito du 20 mars 2021 de Marwane Ben Yahmed, arrivé à Libreville, dit-on, le 12 mars 2021. Ali Bongo nettoie, depuis un certain temps, les écuries d’Augias. « Un coup de balai inouï, révèle le directeur de publication de Jeune Afrique, qui s’explique par plusieurs paramètres. D’abord, la déception. ABO leur avait confié de larges prérogatives et accordé sa confiance. La stratégie et le cap étant fixés par ses soins, la mise en œuvre leur en incombait. Absence de résultats, atermoiements, dilapidation des moyens alloués, luttes de clans et querelles intestines… »
Il aura traumatisé plus d’une personne.
Justement, à observer de près, Ali Akbar Onanga Y'Obegue fait partie de ses collaborateurs ayant contribué à son désamour d’avec les Gabonais. Dans le Haut-Ogooué par exemple, dès qu’il arrive quelque part, on tourne les têtes. Parce que durant son règne, il aura traumatisé plus d’une personne. De sa mémorable et cynique phrase, « on ne fait pas du neuf avec du vieux », à sa gestion des ressources humaines dans la province et au-delà, ses rapports très compliqués avec les autres compatriotes…, Ali Akbar Onanga Y'Obegue effraie. Son retour au gouvernement serait perçu comme une prime à l’inhumanité, un hymne au mépris des autres, un encouragement à l’affaiblissement de la fonction présidentielle…
A Akiéni, de fraîche date, son duo avec Sylvain Enkoro, vétérinaire inspecteur, sénateur devenu, était sur toutes les lèvres. Tant sa gestion très spéciale de la cité a laissé plus d’un au bord de la route. Dès lors, se plaignent certains enfants de cette localité, on comprendrait très mal que le département de Lekoni-Lekori soit mis entre les mains de ce duo d’enfer et de complices de tous les jours. D’autant plus que si Sylvain Enkoro est sénateur et son ami redevient ministre, les règlements de compte ne seraient pas exclus.
Mais ces craintes sont réfutées par une source proche de ce duo de choc. « C’est vrai qu’ils ont fait des erreurs. Mais qui n’en fait pas ? Ils ont mûri et ont désormais de l’expérience pour mieux affronter les situations. La page des actes passés doit être tournée. On regarde de l’avant ; il n’y aura pas de chasse aux sorcières. »
Doit-on y croire ? Un pied mordu par un serpent a toujours peur même d’un mille-pattes.
Dess BOMBE
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