Gabon /Attribution de mille postes budgétaires à l’Éducation nationale : Oui, mais…

Par Brandy MAMBOUNDOU / 27 sep 2023 / 0 commentaire(s)

 

Parents et amis auront été les principaux bénéficiaires de cette mesure salutaire du général Brice Clotaire Oligui Nguema, dont l’esprit a été malheureusement dévoyé par le clientélisme de la tutelle.

Adolphe Mezui

Camélia Ntoutoume-Leclercq n’en finit pas de plastronner et de s’attribuer presque tout le mérite d’un des premiers actes positifs du gouvernement Ndong Sima. Depuis mardi 26 septembre, en effet, mille enseignants en attente de postes budgétaires ont bénéficié d’une mise en solde au Trésor public et ont déjà retiré leurs bons de caisse pour se faire payer. Épilogue heureux de plusieurs années de souffrances et de psychodrames, la mesure avait été une des premières prises par le général Brice Clotaire Oligui Nguema, après sa prestation de serment le 04 septembre 2023.

C’est dire que Camélia Ntoutoume Leclercq n’a rien à voir avec la désormais « Décision 0008 de la Transition », car elle n’a jamais bougé le petit doigt face à la détresse de ces jeunes Gabonais qui, depuis 2015 pour certains, faisaient le pied de grue aux « Neuf-Étages », sans réussir à se faire entendre – par voix orale ou écrite – d’une tutelle prioritairement occupée à récompenser le zèle et les bons militants du Parti démocratique gabonais (PDG). Il faut, condition sine qua non, montrer patte blanche pour espérer voir sa situation administrative – recrutement, poste budgétaire, affectation ou nomination – évoluer. Transformée en véritable panier à crabes, l’Éducation nationale n’a jamais autant été politisée et noyautée par le PDG, et l’esprit de ses agents conditionné par les mesquines aberrations du militantisme.

La justice et l’impartialité vaincues par le clientélisme

Ils sont nombreux à subodorer que la logique du copinage et un zeste de népotisme ont d’ailleurs prévalu dans l’octroi de ces mille postes budgétaires. Alors que la mesure devait concerner, en priorité, les dossiers en attente de longue durée, à l’instar des 247 recrutements directs qui poireautent depuis 2016, Camélia Ntoutoume Leclercq et son administration ont préféré privilégier « les leurs ». Sans raison apparente, ni justification convaincante, les dossiers de nombreux enseignants ayant bénéficié de l’appel d’offres de 2015 ont ainsi été écartés, y compris ceux qui disposaient d’une réservation de poste budgétaire. Au mépris de la « justice » et de « l’impartialité » inscrites désormais au fronton de nos valeurs et principes de bonne gouvernance, mais vaincues par le clientélisme.

Comble de cynisme et de l’injustice, pendant que ces compatriotes allaient s’enquérir de leur situation, la Direction centrale des ressources humaines (DCRH) a multiplié les manœuvres dilatoires, dans l’intention de les décourager. Quand les secrétaires et chef de service de la fameuse « Porte 9 » du deuxième étage n’invoquent pas une mystérieuse liste d’attente, ils demandent à cette jeunesse en sursis de constituer, séance tenante, de nouveaux dossiers de recrutement, sans dire un mot sur ceux qui gisent au ministère depuis des années. Comment, en un jour, se faire délivrer un extrait de casier judiciaire – si on est né en province –, légaliser diplômes et actes de naissance, obtenir un certificat médical, etc. ?

Pratiques détestables

Avec l’opacité qui caractérise le fonctionnement de l’Éducation nationale sous pavillon Ntoutoume Leclercq, la libération des mille postes budgétaires a un effet trompeur. Certes, d’un point de vue comptable, elle a désengorgé les couloirs des « Neuf-Étages » et, incontestablement, fait des heureux. Cependant, une aussi précieuse mesure sociale n’aurait pas dû accentuer le favoritisme et le népotisme que l’on croyait, un peu hâtivement sans doute, abolis après le départ de Bongo. On pensait être sorti de ces pratiques détestables qui ne font pas avancer notre pays, engendrent la défiance envers les pouvoirs publics et fragilisent la cohésion sociale. N’était-ce qu’une utopie de penser que Camélia Ntoutoume Leclercq pouvait faire sa mue en un tournemain ? Que vont donc devenir ces jeunes Gabonais privés d’espoir, et qui n’ont plus que leurs yeux pour vider le reste de larmes qu’ils déversent depuis bientôt dix ans ? Ceux-là que la ministre a rejetés avec condescendance, prétextant qu’ils ne suivaient pas leur dossier, quand bien même beaucoup étaient devenus familiers du personnel et des locaux, tant ils fréquentaient les lieux. Est-ce cela la justice sociale promise par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) ?

Elzo Mvoula

Article du 27 septembre 2023 - 10:30pm
Article vu "en cours dév"

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