Gabon : La Haute autorité de la communication sur tous les fronts

Par Brandy MAMBOUNDOU / 20 juin 2023 / 0 commentaire(s)
Abdou Abarry de l'UNOCA et Germain Ngoyo Moussouvou de la HAC.

Entre les rencontres avec les partenaires bilatéraux, les Hommes des médias, la réception des dons… Germain Ngoyo Moussavou s’active à quelques mois des potentielles élections générales. Mais pourra-t-il, au nom de la préférence nationale, empêcher les journaux étrangers de venir « ramasser » l’argent des Gabonais lors de ce rendez-vous important des Gabonais avec leur destin ?

Depuis un certain temps, la Haute autorité de la communication (HAC) est au-devant de l’actualité. Outre les rencontres avec les responsables de l’Ambassade des États-Unis au Gabon ; ceux de l’UNOCA ou la réception du matériel audiovisuel offert par la Chine pour la couverture des élections, Germain Ngoyo Moussavou et les membres de cette entité administrative devenue ont échangé avec les Hommes de médias. 

Lors d’un récent échange avec eux, le président de la Haute autorité de la communication (HAC), Germain Ngoyo Moussavou n’a pas caché sa satisfaction devant les progrès remarquables réalisés par le Gabon dans le dernier classement de Reporters sans frontières (RSF). Promotrice et protectrice de la presse au niveau institutionnel, la HAC veille donc sur la libre expression de ce droit.

Il faut dire que le contraire aurait été tout à fait incompréhensible, dans la mesure où tout le Gabon sait que l’actuel président de la HAC est un acteur de premier plan de ce secteur. Personne d’autre que l’ancien Directeur de Publication et Directeur des Rédactions du quotidien national « l’Union » ne peut mieux comprendre les femmes et les hommes de cette corporation.

L’ancien ambassadeur du Gabon en France reconnaît une amélioration significative de la presse nationale, surtout en se basant sur le classement des deux dernières années de RSF relatif à la liberté de la presse, passant de la 117ème à la 94ème place. Tout en rappelant aux journalistes que la liberté de la presse est un droit qui ne doit s’exercer en causant du tort à la société, M. Ngoyo Moussavou a tout aussi reconnu que plusieurs acteurs politico-administratifs sont de véritables obstacles au travail de la presse.

En effet, la presse gabonaise subit une sorte d’exclusion de la part de plusieurs décideurs. Surtout lorsque, dans la simple recherche de l’information, les portes sont fermées aux journalistes nationaux ; lesquels ne peuvent donc que se tourner vers la rumeur, le marché noir de l’information. 

Des médias locaux font vainement le pied de grue dans les salles d’attente

Pourtant, il n’est pas rare de voir des nouvelles provenant du Gabon dans des journaux internationaux, alors que des médias locaux font vainement le pied de grue dans les salles d’attente de ces mêmes administrations. Le cas de la récente interview du président de la République, Ali Bongo Ondimba, au journal Jeune Afrique, pendant que la presse locale n’a plus d’échange direct avec lui depuis son Accident vasculaire cérébral en octobre 2018. Or, il est avant tout le chef de l’Etat des Gabonais. Il doit s’adresser en premier à ses compatriotes via la presse locale. C’est une question de bon sens et de fierté nationale.

Il en est de même des annonces. Comme des pestiférés, les médias nationaux sont totalement exclus du marché de la diffusion des annonces et autres communiqués d’intérêt commun. Les ministères, par exemple, à défaut de faire passer des communiqués dans le seul quotidien national, choisissent les réseaux sociaux.

Germain Ngoyo Moussavou, bien au fait de cette pratique dommageable pour les médias, devrait aussi jeter un coup d’œil de ce côté, pour la survie de la presse privée nationale. Les panneaux publicitaires, d’ordre commercial, sont préférés à la presse, qui couvre pourtant la quasi-totalité du territoire national. Qu’est-ce qui peut faire vivre les journaux nationaux si ce ne sont des plages publicitaires ? 

Il en est ainsi pour l’accès à l’information. Les personnalités politico-administratives ne se plaignent de la presse que lorsqu’ils sont mis à l’index dans des articles, qu’ils sont prompts à qualifier de diffamatoires. Alors que ces mêmes acteurs ferment littéralement leurs portes au journaliste qui voudrait vérifier une information avant publication. Le journaliste gabonais est traité en mendiant, même dans sa quête d’une certaine authenticité.

Le président de la HAC, qui a toujours fait honneur à la profession, dans sa position actuelle de dépositaire d’une partie de l’autorité de l’Etat, devrait se rappeler des écueils que rencontrent ses confrères dans la libre recherche de la vérité. Personne d’autre que lui ne connaît mieux les réalités du secteur. Pour preuve, le classement RSF actuel du Gabon est là pour le témoigner.

Vichanie Mamboundou

Article du 20 juin 2023 - 4:33pm
Article vu "en cours dév"

Nombre de Commentaires (0)

Faites un commentaire !