Homosexualité au Gabon : Camélia Ntoutoume Leclercq paye pour Séraphin Moundounga
Depuis la dépénalisation de l’homosexualité au Gabon, l’opinion nationale s’est adonnée à toutes les rumeurs folles sur ce penchant sexuel. Des institutions, notamment les deux chambres du parlement sont prises en grippe pour avoir voté cette loi que d’aucuns considèrent comme une perdition de nos rites et de nos valeurs culturelles. L’actuelle ministre de l’Education nationale aussi en a fait les frais de cette incompréhension populaire. Et pourtant…
Le ministère de l’Education nationale fait face à un véritable procès populaire depuis quelque temps. L’opinion nationale, certainement mal informée sur le programme scolaire, prétend qu’un programme d’orientation sexuelle aurait été introduit dans le programme de l’enseignement dans le pré-primaire et dans le primaire. Une levée de bouclier a été observée dans les milieux populeux comme les églises et même les marchés de la capitale. Une coupable est vite trouvée : le ministre de l’Éducation nationale, Camélia Ntoutoume Leclercq, qui aurait eu l’injonction de certaines personnalités et même des institutions internationales pour introduire un projet basé sur l’homosexualité dans le programme scolaire. Mais qu’en est-il en réalité ? Tentative d’explications.
Le manque d’information ou la rétention des données à caractère informatif sont les principales causes d’un malentendu devenu populaire et même calomniateur. L’absence de communication dans nos administrations est le premier responsable de toutes les déviations incontrôlées des contrevérités. « La personne de Camélia Ntoutoume Leclercq, souligne Adophe Mboumba, un enseignant fraîchement retraité, a été abusivement mêlée à ce qui ressemble plus à une paranoïa répandue au sein de la population par excès de ressentiment ou une animosité de tout ce qui ressortait comme décision prise par l’ancien régime. Alors qu’en réalité, le programme querellé a été initié par Séraphin Moundounga, depuis plusieurs années avant l’arrivée de Camélia Ntoutoume Leclercq aux affaires ».
Un document avait été élaboré suivi d’un débat
En effet, en 2008, le ministère de l’Education nationale avait lancé, avec l’appui technique et financier du Fonds des Nations-Unies pour la Population (FNUAP/UNFPA) un atelier sur la révision des curricula d’Education à la santé sexuelle et reproductive (ESSR) au secondaire. Un document avait été élaboré suivi d’un débat qui avait été soulevé sur son contenu et principalement sur le chapitre « Orientation sexuelle ». Ce chapitre ayant été rejeté, une réforme des programmes de l'ESSR a été opérée en vue d'extraire cette partie et la remplacer par le chapitre « Les violences en milieu scolaire ».
Les rumeurs les plus folles et autres publications audios et vidéos en cours sur les réseaux ne sont en réalité que le résultat d’un ressentiment antérieur de la gestion dictatoriale de l’ancien régime. Surtout si l’on considère la manière dont la dépénalisation de l’homosexualité a été imposée aux parlementaires, les Gabonais sont arrivés à en faire une hallucination. Camélia Ntoutoume Leclercq, qui a survécu à l’ancien régime, n’a été que la victime d’une situation dont elle doit même ignorer l’origine . Les documents brandis pour justifier l’attaque en règle sur la personne du ministre de l’Education nationale, dit-on dans les couloirs de ce ministère, n’ont absolument rien à voir avec une « imposition de l’homosexualité aux enfants des pré-primaires et primaires de nos écoles ».
« Vous savez, pointe Anatole Nziengui, Docteur en sciences de l’information, le problème chez nous est simple : dès que quelqu’un brandit un document quelconque, cela devient une parole d’évangile. En même temps, en l’espèce, le ministère de l’Education nationale a laissé courir une telle information malveillante sans pour autant élaborer un plan de communication à même d’instruire les Gabonais sur la question. Le sujet est préoccupant et il y a lieu d’organiser les plateaux radio-télé, les encarts dans les journaux pour permettre à tout le monde d’avoir un même niveau d’informations, relever la fausseté de la rumeur et remettre les pendules à l’heure. Tout le monde trouverait son compte dans une information officielle et fiable ».
Elzo Mvoula
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