Je commencerai cet article par deux citations qui me paraissent fondamentales dans un contexte politique en mutations. Jean Jaurès qui déclarait : « Aller à l'idéal et comprendre le réel ». Et Henri Bergson qui écrivait : « Il faut agir en homme de pensée et penser en homme d'action ». Ces deux citations traduisent la surchauffe et l'effervescence politiques qui règnent au Gabon depuis le coup d'État libérateur.

En effet, depuis ce coup d'État libérateur, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema et ses compagnons d'armes mènent une politique de réconciliation de l'espace politique, au plus grand étonnement d'une frange de la population, longtemps persécutée par un pouvoir despotique. Pour les politistes et les sociologues politologues, la configuration des acteurs du coup d'État annonçait déjà les prémices d'une politique de rassemblement national. Car jamais au monde, un coup d'État aura fait l'unanimité des chefs de corps, sans qu'il ait fuité : Forces armées, Gendarmerie, Police, Garde républicaine et Sécurité pénitentiaire.

Sur le plan politique, la constitution d'un gouvernement de transition intégrant des ex-ministres du parti caporaliste, oligarchique, ploutocratique et ses appendices, un Parlement de transition multicolore et des Hauts représentants provenant du PDG, prouve à suffisance cette volonté inébranlable de transcender les clivages politiques. Cette politique d'ouverture se crédibilise par une kyrielle d'audiences accordées à toutes les couches politico-économique-socioprofessionnelles. L'onction de nos dignitaires républicains à leur audience, accordée par le général Brice Clotaire Oligui Nguema, constitue un acte fort, inédit et hautement appréciable.

La création d'un ministère de la Spiritualité, du changement des mentalités et de la réconciliation nationale serait la clé de voûte d'un véritable pacte républicain. Oui, les symboles sont l'incarnation du mysticisme, du mystère et du mythe politiques. Le Sociologue Max Weber dans son ouvrage Le politique et le Sacré nous aurait édifiés plus.

Cette stratégie politique de rassemblement ne devrait pas faire fi ou occulter les réalités ontologiques et funestes enfouies dans l'espèce humaine. Raison pour laquelle il ne serait pas vain d'attirer l'attention des militaires, de ne pas se laisser emberlificoter par les démarcheurs politiques bouillasseux, par des transactionnels impénitents et des vendeurs d'apocalypses. Ma belle grand-mère me disait toujours : « Ce n'est pas parce que quelqu'un t'aura esquissé un large sourire qu'il est ou qu'il deviendra ton ami ». La viscosité morale est consubstantielle à un espace politique dominé par la loi d'airain. Le rassemblement de toutes les intelligences, de toute la technostructure, de toutes les compétences est le gage de la réussite.

Les flatteurs, les colporteurs de tous poils ont toujours plongé ceux qui les écoutent dans les abysses. La jurisprudence politique dominante ne nous contredira certainement pas. Ceux qui hier chantaient les louanges d'Ali Bongo et du PDG répondent aux abonnés absents aujourd'hui et ne veulent même plus entendre ce nom. C'est dire tout simplement que de nombreux amis sont dans les jours heureux, mais dans la détresse, ils sont rares. Cet article n'est qu'une simple analyse de sociologie politique, elle n'est nullement l'expression d'une vérité pontificale, par conséquent, elle peut être qualitativement sujette à contestation.

Alfred nguia Banda, DR en Droit, DEA d'histoire des Idées politiques, exilé politique, France.