Nouvelle modification du décret sur le temps de travail en continu, un renforcement de la dictature du capitaliste local sur les salariés fragilisés

Par Brandy MAMBOUNDOU / 20 fév 2021 / 1 commentaire(s)
Mme Madeleine E.BERRE Ministre en charge du travail.

Jusqu’à fin décembre 2009, le travail journalier était réparti de 7 h 30 à 12 h 30 et de 14 h 30 à 18 heures du lundi au vendredi, soit 8 heures de travail effectif non inclus la durée de pause de deux heures. Ce qui pouvait correspondre à un temps en entreprise pouvant aller jusqu’à 10 heures de présence pour les salariés qui ne prenaient pas de pause de deux heures sans compter les heures supplémentaires souvent non payées. Et le temps légal de travail était de 40 heures par semaine, soit 173,33 heures par mois.

Et puis, à partir du 1 er janvier 2010, dans une optique productiviste, le président de la République, Ali Bongo Ondimba, a initié la réforme de la journée continue qui est entrée en vigueur en réorganisant le temps de travail journalier qui passait désormais de 7 h 30 à 15 h 30, soit toujours 8 heures de travail y inclus une pause de 30 minutes (entre 11 h 30 et 13 h 30) soit un temps de travail net effectif de 7 h 30 par jour.

En Conseil des ministres du 21 janvier 2021, afin d’augmenter la compétitivité des entreprises et d’améliorer leur productivité, le gouvernement a adopté le décret fixant les modalités de répartition de la durée hebdomadaire du travail de 40 heures en République gabonaise avec comme modification la répartition journalière de travail en mode continu de 7 h 30 à 16 h 30, soit toujours 8 heures de travail, mais avec comme différence que le temps de pause, désormais d’une heure (entre 12 h 30 et 13 h 30), ne sera plus inclus dans la durée journalière légale de travail toujours fixée à 8 heures par jour.

Primo, on peut affirmer qu’en adoptant ce texte de loi, le gouvernement va corriger les imperfections du précédent décret sur la journée continue qui, en incluant le temps de pause dans la durée de travail légale de 8 heures, actait indirectement une baisse de 30 minutes du temps de travail net effectif à 7 h 30 au lieu des 8 heures comme prévu par la loi.

Secundo, le premier texte de loi sur le travail continu (de décembre 2009) prévoyait un temps de pause de 30 minutes souvent jugé insuffisant par la plupart des salariés qui avaient l’habitude de disposer de deux heures de pause antérieurement. Afin de donner satisfaction aux employés, dans le nouveau projet de décret (janvier 2021), l’Etat va désormais porter la durée du temps de pause à une heure au lieu de 30 minutes comme prévu par la loi initiale sur le travail en continu. En théorie, ce rééquilibrage représente un gain pour les salariés, sauf que désormais ce temps de pause ne sera plus incorporé dans les 8 heures de travail comme antérieurement, et cela constitue, en pratique, une perte de droits pour les salariés tout secteur confondu.

Par conséquent, cette modification de la loi sur le travail en continu va offrir au patronat la possibilité d’intensifier l’exploitation des salariés non licenciés (restés en nombre restreint pour cause de licenciement économique) sans recourir à de nouveaux recrutements, sans aucune hausse de salaire, ni paiement des heures supplémentaires par l’entremise de cette réforme qui augmente subtilement le temps de présence et de travail effectif journalier.

Autrement dit, le gouvernement, qui est en manque de ressource pour soutenir financièrement les entreprises locales en difficultés, a décidé d’aider ces sociétés en allégeant leurs frais de personnels sur le dos des salariés en situation de fragilité sociale et de précarité professionnelle.

Si Karl Marx était encore de ce monde, il qualifierait ces modifications du décret sur le travail en continu de régression sociale visant à renforcer la dictature du productivisme sur le prolétariat et les classes moyennes à des fins d’exploitation exclusive de l’homme par l’homme dans un but purement capitaliste.

 

Brandy MAMBOUNDOU

Article du 20 février 2021 - 6:06pm
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