Faisant à son tour une radioscopie amère du Gabon, la nouvelle patronne de l’Union nationale a appelé ses compatriotes, y compris ceux au pouvoir, à ne pas laisser le pays sombrer dans le déclin. Elle recommande aussi à l’opposition de faire bloc pour les échéances électorales de 2023.

Qui peut dire le contraire de cette affirmation ? Certainement personne actuellement. Depuis quelques années, le pays est frappé par plusieurs maux. Crise éthique, morale, politique, sociale. À vrai dire, le pays vit une crise économique et financière extrêmement grave du fait d’une gouvernance particulièrement douteuse. L’État semble ne plus avoir les moyens pour faire fonctionner les services publics. Le comble du malheur est que les derniers résultats de l’élection présidentielle de 2016 n’ont pas encore traversé la gorge de plusieurs Gabonais. Aujourd’hui, il est question pour le peuple gabonais de mieux se préparer les trois élections politiques majeures : les Locales, les Législatives et la Présidentielle qui auront lieu en 2023. Et pour cela, il faut l’organisation et la mobilisation de l’ensemble des compatriotes qui aspirent à un réel changement. Voilà, en quelques mots, la substance du propos de Paulette Missambo, la nouvelle patronne de l’Union Nationale, lors de la rentrée politique de ce parti, le samedi 8 janvier dernier à Libreville.

La situation paraît plutôt « critique »

Paul Marie Gondjout, ancien candidat au poste de président de l’Union Nationale, a compris que l’heure n’est plus aux guerres de leadership. Sa présence lors de cette rentrée politique a été un signe fort. Il est désormais question d’unir les forces pour préparer les vrais combats à venir, car le climat paraît sombre pour le Gabon. « Les organismes de protection sociale, notamment la Caisse Nationale de Sécurité sociale (CNSS) et la Caisse Nationale d'Assurance Maladie et de Garantie Sociale (CNAMGS), éprouvent toutes les peines du monde à payer les pensions des retraités ou à assurer leurs prestations. Le chômage des jeunes est endémique. Nos compatriotes ne sont plus capables de se projeter dans l’avenir. Les jeunes ne rêvent plus d’un avenir meilleur et leurs parents s’interrogent sur le pays qu’ils vont leur laisser en héritage », a déploré Paulette Missambo, actuelle figure de proue de l’UN.

Un appel à l’opposition pour la victoire

Comme le souligne un dicton africain : « Seul, on va plus vite. Mais à deux, on va plus loin ». Et ce n’est pas une ancienne ministre de l’Éducation nationale, qui a d’ailleurs œuvré à la construction de plusieurs écoles, qui va l’ignorer. C’est pourquoi, elle interpelle les forces vives de la nation, en général, et l’opposition à continuer à former un bloc encore plus solide que celui des deux dernières élections présidentielles. « Nous devons avoir une analyse froide et lucide car, les résultats des élections couplées d’octobre 2018 ne sont pas seulement le produit de la fraude à grande échelle. Ils sont aussi l’expression d’une crise de confiance au sein de l’opposition autant qu’ils révèlent une montée de l’abstention. À la lumière de ces élections couplées, on peut redouter que nos compatriotes ne se désintéressent de la question électorale et, plus largement de la chose politique. Voilà pourquoi, l’opposition doit leur parler et leur tenir un discours cohérent et harmonisé. L’unité que j’appelle de mes vœux est une unité fondée sur des objectifs et moyens d’action partagés. C’est une unité construite sur une stratégie à court et moyen terme. Une unité qui prépare l’avenir des jeunes générations et les met en capacité d’accéder aux fonctions électives à tous les niveaux de l’appareil d’État. Avec l’ensemble de ses partenaires traditionnels ou à venir, l’Union Nationale s’efforcera d’apporter des réponses aux angoisses de nos compatriotes », a-t-elle indiqué. 

C’est donc, tout en soutenant la communauté éducative, les fonctionnaires des régies financières qui peinent à se faire entendre et au monde syndical dans son ensemble, qui fait face à un gouvernement « autiste » que Paulette Missambo, sans la peur aux yeux a invité tous les Gabonais à un réveil. « Je voudrais, pour finir mon propos, m’adresser à l’ensemble des Gabonais, y compris à ceux qui sont actuellement au pouvoir. Je voudrais leur dire qu’aucun patriote, aucun homme politique responsable, aucun citoyen normal, en somme aucun Gabonais ne peut s’accommoder de ce que notre pays est devenu. Individuellement et collectivement, nous ne pouvons accepter d’accompagner, de façon active ou passive, le déclin du Gabon », a-t-elle terminé.

Ça commence bien !

Dess BOMBE