Gabon : Après l’incident du Sénat, les leaders de l’Opposition doivent-ils alerter les différentes Chancelleries ?

Par Brandy MAMBOUNDOU / 17 juil 2023 / 0 commentaire(s)
Les leaders de l'opposition déterminés à aller au bout de leur engagement.

Encore traumatisées par les évènements de 2016, avec entre autres le bombardement du QG de Jean Ping et ses nombreux morts, les populations s’inquiètent déjà des suites du processus électoral. D’autant plus que le comportement belliqueux, hautain et méprisant de Cyriaque Mvourandjiami face à ses compatriotes de l’Opposition donne une indication claire des intentions de l’entourage d’Ali Bongo. 

Vendredi 14 juillet 2023. Ce jour-là, les Paulette Missambo, Raymond Ndong Sima, Alexandre Barro Chambrier, Mike Jocktane, François Ndong Obiang…se rendent au Sénat pour livrer un message par rapport à l’examen du Code électoral en cours à la Chambre haute du parlement. Ils soupçonnent les tenants du pouvoir de faire sauter certains verrous qui empêchaient jusque-là la fraude à la sortie des urnes.

Alors qu’ils donnent des interviews ici et là, à l’intérieur de la Cour de cette maison du peuple, Cyriaque Mvourandjiami, le président du groupe parlementaire au Sénat, y fait son entrée et descend de sa voiture pour apostropher Raymond Ndong Sima. D’un ton méprisant et hautain, caractéristique des petites personnes, le directeur de cabinet politique d’Ali Bongo lance « allons-y sur le terrain ! » et sans attendre la réponse de son interlocuteur, s’en va dans les bureaux. Non sans faire appel à la « troupe » pour probablement molester les leaders de l’opposition qui, disons-le, étaient dans leur bon droit de chercher à rencontrer le président des lieux. Heureusement que le pire a été évité.

Une tournée auprès des principales Chancelleries 

Reste que depuis ces évènements du Sénat, plusieurs militants de l’opposition militent pour que les leaders de l’opposition gabonaise entament une tournée auprès des principales Chancelleries accréditées dans notre pays, ainsi que les délégations de l’UE, l’OIF, l’UA. Inquiètes de la multiplication des manœuvres illégales du régime, y compris le parti-pris du CGE, les fers de lance de l’alternance démocratique devraient alerter les partenaires du Gabon sur les menaces pesant sur le processus des élections générales du 26 août 2023. Alors qu’Ali Bongo Ondimba avait promis des élections transparentes et apaisées, au sortir de la concertation nationale, c’est loin d’être gagné, au vu des récentes mesures prises relatives à la loi électorale.

L’atteinte aux mécanismes de transparence électorale, avant même l’entame de la pré-campagne, dévoile les desseins d’un régime qui fait désormais peur à tout le monde. L’opposition gabonaise n’a pas envie de revivre, et faire revivre au peuple gabonais, la tragédie de 2016, avec ses traumatismes et meurtrissures toujours vivaces. L’incident du vendredi 14 juillet au Sénat, maison du peuple, orchestré par un des vice-présidents de l’institution estampillé au PDG, a conforté Raymond Ndong Sima, Paulette Missambo, Alexandre Barro Chambrier et les autres, de l’urgence d’un mémorandum sur la situation socio-politique préoccupante que traverse le Gabon. En pareille conjoncture politique, il en va de leur responsabilité pour préserver les Gabonais des dangers d’un régime dont l’unique ambition est sa stérile perpétuation.

Certains articles de la loi électorale

D’ailleurs, Paul Marie Gondjout et Pierre Maganga Moussavou ont ajouté leurs voix au concert d’indignation générale face à la modification de certains articles de la loi électorale. Il ne serait donc pas étonnant de voir ce sujet devenir le cri de ralliement des partisans du changement. Le pouvoir en place vient de donner à ses contempteurs la raison pour se coaliser et l’affronter.

C’est pourquoi, derrière le calme apparent qui prévaut, le Gabon fait penser à une immense cocote prête à exploser, débordant de quatorze années de frustrations, de colère, de lassitude et de désillusions des Gabonais gavés de mensonges, poussés à bout par les mirages d’une politique de l’émergence incapable de traduire en actes ses mirobolantes promesses. Conscient de son échec, telle une bête blessée, Ali Bongo Ondimba ne semble pas disposé à accepter un combat loyal, et de ce fait est prêt à tout. D’où la démarche préventive souhaitée par la clameur populaire de ses adversaires auprès des représentants de la communauté internationale.

Brandy Mamboundou

Article du 17 juillet 2023 - 11:57am
Article vu "en cours dév"

Nombre de Commentaires (0)

Faites un commentaire !