Gabon : Jessye Ella Ekogha, au sommet de la Communication présidentielle, victime du syndrome du perroquet ?

Par Brandy MAMBOUNDOU / 27 sep 2022 / 0 commentaire(s)
Jessye Ella Ekogha, en dehors de faire dans l'abus d'autorité, ne tire point la fonction de son chef vers le haut.

Toujours très à côté de ses pompes pour relayer la parole du président de la République, le supposé sherpa d’Ali Bongo était face à la presse le vendredi 16 septembre dernier. Comme à son habitude, il a brassé beaucoup d’air et mouliné vainement la parole. Les Gabonais, au comble de la misère causée par la vie chère, n’ont rien retenu des entrechats de l’ancien responsable de la Communication de la fondation Sylvia Bongo Ondimba.

Au village, un adage dit que les enfants aiment profiter del’obscurité pour leurs jeux, alors que les adultes préfèrent agirdans la lumière. Cet ordre naturel des choses, qui explique l’équilibre maintenu dans nos sociétés, n’est pas toujours respecté. Pire, là où il devrait faire loi, il est foulé aux pieds : la présidence de la République. Là-bas, depuis que l’honorable charge de la Communication a été confiée à un certain Jessye Ella Ekogha, on a l’impression que les enfants de la République ont décidé d’agir à visage découvert, en pleine lumière. Embêtant !

Bien entendu cela constitue bonnement une hérésie. Prenons un exemple : la dernière conférence de presse du porte-parole de présidence de la République. Qu’a-t-on retenu de ce face-à-face avec la presse ? Rien, ou presque. Si l’on excepte la lecture de l’agenda présidentiel de la semaine – obsèques d’Elisabeth II, assemblée générale des Nations unies, Cop 27… - les questions urgentes de politique intérieure n’ont pas trouvé les réponses claires et précises que les Gabonais attendaient. Sur la dissolution du ministère des Travaux publics, Ella Ekogha s’est montré évasif. Mais, que pouvait-on attendre de lui qui n’y connaît rien, quoi qu’il veuille donner le change ?

Gestuelle désinvolte dépourvue de la sobriété qui sied, posture générale à mi-chemin de la familiarité et de la condescendance avec les journalistes, Jessye Ella Ekogha donne de moins en moins les signes d’un « conseiller spécial ». Et de plus en plus de signaux d’un « perroquet » ayant assimilé à la va-vite sa leçon du jour, qu’il ressasse autant pour se rassurer sur sa mémoire, que pour servir à son auditoire le brouet réchauffé de sa bouillabaisse dessalée. Si l’on a toujours su qu’il fallait réfléchir avant de parler, on découvre qu’il est possible de parler avant de parler : on appelle cela du psittacisme.

Interpellé à plusieurs reprises sur la brûlante question de l’inflation et de la vie chère, qui étranglent les Gabonais, le conseiller spécial de la communication présidentielle a botté en touche, et joué les perroquets. Se contentant de répéter à satiété que le président de la République avait à cœur d’améliorer les conditions de vie des Gabonais, le sherpa supposé du successeur d’Omar Bongo a renvoyé aux calendes grecques certains éclairages sur le quotidien des Gabonais. Le moins que l’on puisse dire à ce sujet c’est qu’il va de couac en couac.

Et comment justifier que les mesures – si ce nom peut s’ajuster aux décisions d’Ali Bongo – prises pour lutter contre l’effilochement du panier de la ménagère ne produisent pas l’effet escompté ? Ici aussi Jessye Ella Ekogha a juré la main sur le cœur que c’était le serment permanent de son patron que d’adoucir la crise qui frappe ses compatriotes. Oui, mais : est-ce avec ces belles paroles que les Gabonais vont pouvoir s’acheter des produits alimentaires qui coûtent les yeux de la tête ?

Sans que l’on sache qui d’Ali Bongo ou de Jessye Ella Ekogha conseille l’autre, et presque convaincus que le second n’a toujours pas fait la différence entre « informer » et « communiquer » les Gabonais n’ont que leurs yeux pour pleurer de faim. Et leurs oreilles pour entendre les grésillements en boucles saccadées de la petite musique agaçante du « perroquet » de la République.

Et si Robert Orango-Berre, l’ancien porte-parole de la présidence de la République, sous Omar Bongo, revenait prendre « sa chose »!

Elzo Mvoula 

Article du 27 septembre 2022 - 1:48pm
Article vu "en cours dév"

Nombre de Commentaires (0)

Faites un commentaire !