Au regard des conditions exécrables dans lesquelles ils vivent, les Gabonais ne bouderaient pas leur plaisir de voir un autre leadership arrivé à la tête de leur pays. Tant, et c’est un euphémisme, ils ne savent plus à quel saint se vouer pour vivre décemment dans un pays riche.

C’est ce à quoi ne s’attendait pas le pouvoir. En orchestrant un ticket unique que l’avocat Anges Kevin Nzigou qualifie de « bulletin inique », Ali Bongo et ses stratèges pensaient que le vote pour les députés soutiendra celui du président de la République. Mal lui en a pris. Car la plateforme de Paulette Missambo, Alternance 2023, en choisissant Albert Ondo Ossa comme candidat consensuel à la présidentielle a, en même temps, renoncé aux législatives. Et tous les soutiens de la candidature consensuelle, à l’exemple de la plateforme PG41 présidée par Louis Gaston Mayila, et du Copil citoyen, qui avait investi des indépendants, ont braqué toute l’attention sur la présidentielle. Ainsi donc, qui vote un député vote au moins contre l’alternance.

Or, les Gabonais, en majorité, veulent l’alternance, synonyme pour eux de changement et de bien-être collectif. En ce sens, Albert Ondo Ossa a mis la pression très haut en précisant formellement que l’objectif numéro un de cette élection est d’enlever Ali Bongo au pouvoir. Ce dernier incarne, en effet, 56 ans de pouvoir continu du Parti démocratique gabonais (PDG), mais aussi 56 ans de pouvoir de la famille Bongo, en l’occurrence Omar et Ali Bongo. 

Il va donc s’agir d’une élection au sens d’un référendum pour choisir entre la monarchie incarnée par Ali Bongo et la République représentée par Albert Ondo Ossa ; la continuité avec Ali Bongo ou le changement avec Ondo Ossa.

Elzo Mvoula