Gabon : Nina Alida Abouna ou la ténacité des challenges

Par Brandy MAMBOUNDOU / 30 juil 2023 / 0 commentaire(s)
Nina Alida Abouna

Cette Altogovéenne engagée politiquement est le prototype de la femme moderne. Cultivée, assoiffée de connaissances, expérimentée et pleine de ressources, la fille de l’ancien maire de Franceville Ismaël Abouna vient de décrocher avec brio un Doctorat en Sciences de gestion.

C’est vrai, la haute consécration académique est venue tard, mais personne n’a jamais douté du potentiel de cette dame au port altier, mi-poupon, mi-rayonnante. Enfant précoce, dotée d’un fort appétit de connaissances doublé d’une curiosité sans bornes, Nina Alida Abouna est née pour briller. Le titre de docteur en Sciences de gestion (Executive doctorate of business administration) qui vient de lui être décerné, au terme d’une haletante soutenance de thèse sur « La mesure de la performance d’une Organisation publique : cas de l’ANPI-Gabon », vient ponctuer un parcours de vie déjà riche et prometteur.

Enfant de la balle

Avant de dérouler, en un kaléidoscope accéléré, la pellicule existentielle de cette pétillante quinquagénaire, dont le nom s’épelle comme une exception gabonaise, il convient de faire observer qu’elle incarne admirablement la décennie de la femme. Rarement éprouvée sous notre équateur, sinon traduite dans les faits, l’égalité entre la femme et l’homme trouve en Nina Abouna une illustration qui la range – osons les comparaisons – aux côtés des Paulette Oyane Ondo, Christiane Bitougat, Honorine Nzet Biteghe, Pauline Nyngone, Paulette Missambo…,des femmes de caractère et de talent qui honorent notre pays.

Téké du Haut-Ogooué, dans le Sud-Est du Gabon, elle a vu le jour en 1973, a grandi dans un environnement favorable à l’éveil d’un esprit destiné aux grands horizons. Son père, Ismaël Abouna, a été député, sénateur et maire de Franceville. Sa mère, Thérèse, a dirigé le service social de l’hôpital Amissa Bongo de la même ville. C’est donc une enfant de la balle – le virus de la politique sera hérité du père – que l’on va envoyer poursuivre ses études en France. En 1994, elle décroche un Bac pro (série G3), un diplôme supérieur en Ecole de commerce à Nice, puis un autre de fin de second cycle en Management et affaires internationales en 2000 à l’Institut européen des affaires de Neuilly (France).

Contrairement donc à l’impression première qui se dégage, cette femme, un tantinet débonnaire, boulimique de travail, et source d’agacement par son brillant parcours, est une tête bien faite. Ni parachutée, ni parvenue, elle a intégré le monde professionnel par la force de son intellect, même si l’entregent de son père, ancien membre du Conseil national de la communication (HAC aujourd’hui), l’a aidé. Avant d’être propulsée dans la haute administration gouvernementale, Nina Abouna s’est fait les dents dans le secteur privé, notamment à la BICIG.

Influenceuse inspirante

Dans le secteur public, elle connaît d’abord un passage dans les services du ministère du Commerce, puis s’implique dans la naissance de la Zone économique spéciale de Nkok, une des rares pierres à l’édifice fantomatique d’Ali Bongo Ondimba. En 2011, c’est le Graal : elle est nommée directrice générale de l’Agence de promotion des investissements et exportations du Gabon (APIEX), qui deviendra, en juillet 2015, l’Agence nationale de promotion des investissements (ANPI-Gabon). Directrice générale de cette structure jusqu’en 2019, elle y œuvre à l’amélioration du climat des affaires, et parcourt sans relâche le globe à la recherche d’investissements étrangers.

L’ANPI lui ouvre les portes de l’entrepreneuriat et l’oreille du gouvernement qu’elle accompagne dans la mise en œuvre des politiques attractives quant à la valorisation des exportations gabonaises. Nina Abouna devient, dès lors, un rouage important du Plan stratégique Gabon émergent (PSGE) dans le premier septennat de l’émergence. Une femme qui compte, que l’on consulte et écoute avec intérêt.

Elle participe aux New York Forum Africa, est invitée à l’Agoa en 2015, et à d’autres fora internationaux, souvent en tant que Déléguée permanente Afrique de HEC Paris pour le Gabon. Insigne honneur, elle fera la Une de TV5 Monde, au cours d’un entretien télévisé dans lequel elle est présentée comme une des femmes créatrices, inspirantes et influenceuses du continent.

Dès lors, le franchissement du fossé qui sépare la DG de l’ANPI du gouvernement devient une formalité. D’autant que Nina Abouna a, entretemps, suivi l’exemple paternel en militant très tôt au Parti démocratique gabonais (PDG). Elle concrétise son engagement politique en se faisant élire aisément dans le troisième arrondissement de Franceville aux municipales de 2013. Lorsqu’elle quitte la Promotion des investissements en 2019, elle atterrit au secrétariat général du ministère du Tourisme, sans s’y attarder, puisqu’elle est nommée en octobre 2019 éphémère ministre déléguée aux Eaux et Forêts dans le cabinet Julien Nkoghe Bekale.

Femme de cœur

Le dernier poste d’envergure occupé par Nina Abouna est celui de Conseiller, Chef de département à la Primature en 2021, chargée sous Rose Christiane Ossouka Raponda…de la Promotion des investissements, des partenariats publics-privés, des petites et moyennes entreprises, des petites et moyennes industries, de l’industrie, du commerce et de l’artisanat. Sous Alain Claude Bilie-By-Nze, elle est confirmée à l’issue du Conseil des ministres du 24 mai 2023, chef de département Promotion des investissements, agriculture et commerce.

Parallèlement, portée vers un domaine qu’elle maîtrise tout aussi bien, elle va s’investir davantage à la politique. Cela lui vaudra – forme de reconnaissance de ses qualités de battante – une promotion au sein de l’exécutif du PDG en tant que secrétaire nationale chargée de l’animation politique dans le Haut-Ogooué, ce jusqu’en décembre 2022.

Personnalité déterminée, en butte à l’hostilité de ses détracteurs qui savonnent régulièrement sa planche, l’accusant de marcher sur leurs plates-bandes à Léconi, ou lui prêtant des amants imaginaires, Nina Abouna est de celles qui savent que la blanche colombe ne saurait être atteinte par la bave du crapaud. Mieux, en femme généreuse, elle ne cesse de faire parler son cœur, comme lorsqu’elle est allée consoler les familles des victimes du naufrage de l’Esther Miracle au Port-Môle en mars 2023.

Ses inlassables rencontres avec les militants locaux de son parti, ou encore avec les étudiants altogovéens ont toujours été placées sous le signe du partage – en l’occurrence des appels à l’unité et à la solidarité, des conseils d’aînée prodigués, du matériel informatique distribué.

En dépit des amalgames induits par la décomposition du climat social et politique, la nécessité s’impose de faire la part du bon grain de l’ivraie. Par son dynamisme, la qualité de son parcours et son niveau d’expérience, quelque mérite devrait lui échoir, au milieu de l’indifférence nationale qui ne sait reconnaître de talent que venu d’ailleurs.

Sublimée par sa réussite doctorale, il ne fait pas de doute que les nouveaux challenges que lui ouvre le monde académique seront affrontés avec la ténacité, l’abnégation et la réussite qui lui ont rarement fait défaut.

Vichanie Mamboundou

 

Article du 30 juillet 2023 - 12:31pm
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