Gabon/Gouvernement de Transition et relent de bongoïsme : Camélia Ntoutoume-Leclercq sur la corde raide

Par Brandy MAMBOUNDOU / 27 sep 2023 / 0 commentaire(s)
Camelia Ntoutoume Leclercq, ministre de l'Education Nationale.

 

Maintenue au gouvernement malgré ses fortes accointances avec le couple présidentiel déchu, la ministre de l’Éducation nationale se démène comme un beau diable pour s’attirer les faveurs du général-président Brice Clotaire Oligui Nguema. Son fayotage sera-t-il payant ?

Constant Mavoungou

Avec Raphaël Ngazouzé et Hermann Immongault, Camélia Ntoutoume-Leclercq est un des rescapés du gouvernement d’Alain-Claude Bilie-By-Nze, le dernier Premier ministre d’Ali Bongo. Reconduite à la tête de l’Éducation nationale dans l’équipe formée par Raymond Ndong Sima le 09 septembre 2023, cette intime de l’ex-première dame Sylvia Bongo n’a dû son salut qu’au calendrier scolaire. À l’approche d’un retour à l’école souhaité dans la sérénité, les nouvelles autorités militaires ne pouvaient pas se permettre de tout chambouler dans ce département très sensible.

Consciente d’avoir sauvé sa peau à la faveur de circonstances indépendantes de sa volonté, Camélia Ntoutoume-Leclercq se démène désormais comme un beau diable pour s’accrocher à son poste dans le but de convaincre l’autorité de nomination.

En effet, passer la rentrée scolaire et en attendant que celle-ci atteigne son rythme optimal, la survie au gouvernement de cet épouvantail décrié du régime Bongo-PDG ne dépendra plus, à moyen ou à court terme, que de la volonté de Brice Clotaire Oligui Nguema et son Premier ministre Raymond Ndong Sima. Sans disposer de la feuille de route prescrite au ministre de l’Éducation nationale, et sachant qu’elle a des comptes à rendre sur la gestion épicière de son département, on peut raisonnablement prédire que ses jours seraient comptés. Pour de nombreux Gabonais, qui ont encore en travers de la gorge son maintien au gouvernement, ce ne sont pas des profils pour faire mieux qui manquent.

Hyperactivité en mode démagogique

Mise sous pression depuis l’avènement d’une autorité militaire aux commandes du pays, la papesse de Ntoum s’est vue sommer de régulariser derechef la situation de mille enseignants en attente de postes budgétaires, dont les dossiers avaient été mis soigneusement au placard, des années durant, par son administration, sous la dictée des imposteurs qui dirigeaient le Gabon. Le communiqué 0008 du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) faisant état de cette décision salutaire doit se lire ainsi comme un camouflet infligé à la gouvernance de Camélia Ntoutoume-Leclercq. Car, derrière le bagout de la dame et son hyperactivité en mode démagogique percent le cynisme, le clientélisme et le népotisme par lesquels elle a tant brillé dans la pègre politico-administrative du régime d’Ali Bongo. Avec un bilan davantage éloquent en enrôlement d’obligés politiques pour son bastion du Komo- Mondah que d’enseignants recrutés pour combler le déficit de formateurs à tous les degrés de l’enseignement.

Les mauvaises habitudes ayant la peau dure, le cynisme de cette Bacchante dionysienne, chantre endurcie de la politique politicienne, a éclaté une nouvelle fois la semaine dernière. Au sortir d’une visite au Lycée technique national Omar Bongo, elle s’est donnée en spectacle devant les caméras, surjouant son indignation au sujet de 14 milliards qui auraient été détournés dans un projet de réhabilitation de l’établissement.

Mais qui donc était ministre de l’Éducation nationale pendant les trois dernières années ? N’est-ce pas Camélia Ntoutoume-Leclercq ? À moins de se moquer, comme d’habitude, des Gabonais – ou de prendre le général-président Brice Clotaire Oligui Nguema pour un naïf militant du Parti démocratique gabonais (PDG) de Ntoum – elle devra faire toute la lumière sur la gestion de cet argent. Il est quand même difficile de faire avaler à quiconque que 14 milliards de francs CFA puissent se volatiliser en trompant la vigilance d’une femme, qui se dit aussi compétente et brillante.

S’attirer les bonnes grâces du pouvoir

Du reste, se sachant dans l’œil du cyclone, la protégée de Julien Nkoghe Bekale multiplie les gestes d’attention en direction du président de transition. Aussi, est-elle passée gonflée d’enthousiasme au journal de 20 heures de Gabon Première, le 25 septembre, pour annoncer la mise en solde des postes budgétaires de mille enseignants et la remise effective des bons de caisse, le lendemain. Histoire de montrer, dévouée fayote, qu’elle s’était mise au travail dans l’esprit du CTRI.

Le même jour, pour s’attirer les bonnes grâces du pouvoir, elle a entrepris un pèlerinage au lycée technique Agathe Obendzé de Franceville et au collège Eugène Mickoto de Ngouoni… Où est né le général Brice Clotaire Oligui Nguema. Toujours dans le calcul égoïste et la manipulation de son image à des fins de propagande, la ministre de l’Éducation nationale cherche avant tout à préserver ses intérêts personnels !

Par ces temps de refondation des institutions, dont celles de l’éducation et l’instruction de nos enfants, n’est-il pas recommandé à Camélia Ntoutoume-Leclercq de plancher sur les très nombreux dossiers à sa table de travail, plutôt que de ramener dans l’espace public le zèle courtisan qui a tant fait de mal à l’administration gabonaise ?

Vichanie Mamboundou

Article du 27 septembre 2023 - 10:51pm
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