Alors que les Gabonais applaudissent avec frénésie les arrestations des fossoyeurs de la République initiées par le CRTI, la désignation par cette structure de ce personnage qui, à un moment donné, agissait sous la dictée de la Young Team pourrait être de nature à questionner la sincérité de ses actes.

On se souvient qu'alors coordinateur général des Affaires présidentielles, Nourredine Bongo Valentin, aujourd'hui heureusement tombé en disgrâce, avait mis en place une Taskforce sur la dette intérieure à la tête de laquelle il avait placé qui ? Eh bien Pierre Duro qui lui rendait directement et « personnellement » compte.

Cette Task-Force faite de bric et de broc a mené un travail expéditif en utilisant parfois des méthodes (trafic d'influence avec la présence d'un procureur de la République etc...) qui ont laissé un goût amer sur certaines conclusions (voir les dossiers SGS, Gabon Télécom, SEEG etc...).

Sachant aujourd'hui les raisons qui ont jeté en disgrâce son ancien patron, comment peut-on s'empêcher de se poser les questions suivantes : et si sous la dictée de Nourredine, Duro avait validé des dettes qui ne correspondaient pas à des prestations réelles ? Peut-il revenir sur ces validations et mettre en cause la responsabilité des chefs d'entreprises concernés ? Ne va-t-il pas définitivement chercher à enterrer ces dossiers pour ne pas lui-même exploser en plein vol ? Comment quelqu'un qui a cohabité à un tel niveau avec des voyous à la tête de l'Etat peut-il présenter des garanties de probité intellectuelle et de bonne moralité ? Pourquoi certains opérateurs économiques, qui ont renoncé à plusieurs milliards de francs de créances fictives, ont-ils été laissés en liberté ? Quelles ont été les compensations offertes ? « Non, Monsieur le président du CTRI, chef de l'Etat, cette nomination soulève des questions éthiques et Duro risque de représenter un caillou dans votre chaussure », crie en chœur la clameur populaire.

Êtes-vous certain que nulle autre personne au Gabon ne peut mener à bien la mission assignée à cette Taskforce que vous venez d'exhumer ? S’interroge-t-on ici et là dans les salons feutrés de la République où les compétences ne manquent pas.

A en croire un sociologue, enseignant à l’UOB « faire machine arrière sur cette nomination, pour éviter une grosse erreur de casting, ne vous discréditera pas », dit-il en direction de Brice Clotaire Oligui.

Vichanie Mamboundou