Depuis 2009, un constat accablant saute aux yeux. Ceux qui mouillent le maillot et passent le temps à haranguer les foules lors des meetings et autres causeries sont souvent ignorés, durant tout le mandat, au bénéfice de personnes sans assises politiques.

Allons-y tout droit au but. Dès l’arrivée au pouvoir d’Ali Bongo en 2009, les concepteurs de la fameuse et fumeuse exclamation « à nous les milliards !» ont envahi l’espace public jusqu’à détenir presque tous les leviers de la République. Sans exagérer, ils ont plombé, au propre comme au figuré, son premier septennat avec des conséquences désastreuses tout au long du deuxième. « Ils » est mis pour Maixent Accrombessi, Dénis Amoussou, Liban Soleiman… Lesquels ont été des privilégiés inconvenants du système Ali Bongo.

Pour ne prendre que l’exemple de ces « trois-là », ils sont devenus ostensiblement plus riches qu’avant, pendant ce temps, le Gabon sombrait chaque jour vers le néant. Au point où au Bénin, Accrombessi et Amoussou, dit-on ici et là, sont des promoteurs immobiliers très prospères, dont aucune activité particulière ne peut expliquer ce niveau d’enrichissement. Idem pour Liban Soleiman, qui est allé construire des villas hollywoodiennes à tour de bras au Rwanda, laissant les Gabonais vivre dans les taudis.

Comme si cela ne suffisait pas, lors du 2ème mandat d’Ali Bongo, Liliane Bulabula a été bombardée ambassadeur, haut représentant du Gabon en France. Brûlant au passage la politesse à plusieurs femmes dynamiques, diplomates de formation, du ministère des Affaires étrangères. Des situations qui ont poussé bon nombre de cadres du PDG et même certains membres de la famille d’Ali Bongo aux grincements de dents. Le départ de Jean Boniface Assélé de la Majorité républicaine et sociale pour l’émergence n’est pas loin de là.

Il faut donc le dire, au moment où tous les soutiens d’Ali Bongo étaient attendus sur le terrain, aucun de « ceux-là » n’a été aperçu ni à Franceville, ni à Mouila encore moins à Oyem. C’est pourquoi, croit savoir la clameur populaire, un mouvement spontané a été créée. « Le Mouvement des Amis d’Ali Bongo » qui était en action le mardi dernier à Glass. Pourquoi ? Pour reprendre Sylvain Tesson, écrivain voyageur et essayiste français « il faut créer l’action, parce que l’action crée le mouvement, et que le mouvement entraîne des individus ».

Justement, loin des activités du PDG, ce mouvement a ratissé large pour le triomphe du candidat Ali Bongo. Il est loin d’être une association qui est appelée à durer dans le temps et dans l’espace. Une spontanéité qui démontre l’urgence de combler un vide, pour ne guère paraître inactif pour une cause bien déterminée.

Comme quoi, l’existence momentanée du « Mouvement des Amis d’Ali Bongo » le contrepoids de l’absence d’une catégorie de jouisseurs de la République sur le terrain en soutien, comme une béquille, au candidat de la République sortant.

Elzo Mvoula