Elections générales 2023 au Gabon : La responsabilité historique du peuple gabonais

Par Brandy MAMBOUNDOU / 25 aoû 2023 / 0 commentaire(s)
Le Gabon est riche mais les Gabonais sont pauvres. Macron devrait comprendre leur souhait de vivre dans d'autres conditions.

Attendus au tournant, les Gabonais seuls détiennent les clefs pour donner un nouvel élan à leur histoire. Leur mobilisation et la détermination affichées compteront davantage que la recherche de boucs-émissaires, à l’instar de la France, taxée souvent d’ingérence. Toutefois, Emmanuel Macron ne cautionnera, au nom du droit universel de chacun à la vie, un autre massacre des Gabonais comme en 2016. 

Demain, le collège électoral sera invité à se prononcer sur le renouvellement des principales institutions dirigeantes du Gabon, à savoir le président de la République, l’Assemblée nationale et les Collectivités locales (Conseils municipaux et départementaux). Après deux semaines de campagne qui auront vu, d’une part, le Parti démocratique gabonais (PDG) tenter de noyer dans une fumée son bilan défavorable, et de l’autre, le bloc de l’opposition déployer ses moyens pour se poser en alternative crédible et nécessaire, l’heure de vérité a sonné. Qu’on ne s’y trompe pas, même si tout semble joué, le peuple gabonais, en définitive, aura son mot à dire. Et il faudra bien qu’il fasse respecter sa volonté.

La tentation, en effet, est grande de se laisser gagner par un esprit de fatalité qui ferait croire aux Gabonaises et aux Gabonais qu’ils n’ont pas leur destin entre leurs mains. Que d’autres décideraient à leur place, et que la voix de chaque électeur compterait pour du beurre. Cette petite musique - appelons-la « syndrome de la déresponsabilisation » - se fait entendre à chaque élection présidentielle, quand la France, par exemple, se retrouve au cœur des débats. Ainsi, l’ancienne puissance coloniale, accusée de s’ingérer pour faire imposer l’homme de son choix au palais, alimente-t-elle toutes les frustrations de l’électeur, et cristallise sur elle un ressentiment qui va grandissant, surtout depuis la présidence de Nicolas Sarkozy.

Appropriation insuffisante des fondamentaux de notre République

Plus ou moins fondée dans les faits, la mise en accusation de la France en bouc-émissaire de la bascule électorale au Gabon l’est-elle toujours en raison ? Ne masque-t-elle pas davantage une appropriation insuffisante des fondamentaux de notre République par les citoyens ? En effet, à chaque scrutin, on se rend compte que le peuple n’a pas une foi solide en ce que la « République Gabonaise est organisée selon les principes de la souveraineté nationale, de la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire de l’État de droit » (article 5 de la Constitution). Les fils de ce pays, sentimentalement attachés à leur patrie, semblent en revanche perdre de vue que le « Gabon est une République indivisible (…) démocratique et sociale » (article 2).

Partant de là, le moment de l’élection n’est pas seulement celui du choix entre des personnalités, ou entre des visions du monde matérialisées par des projets de société. Les Gabonais votent avant tout pour la préservation et la consolidation des fondements de notre vivre-ensemble : la souveraineté nationale, l’État de droit et la démocratie, piliers sur lesquels repose notre République. Dans ce cas, pourquoi continuer à pousser des jérémiades vers la France, si nous sommes intimement convaincus de constituer un peuple souverain ? Comment laisser le scrutin entaché de violations diverses, si nous avons collectivement accepté que le Gabon soit un État de droit ? Pourquoi invoquer, jour et nuit, la démocratie et ses règles, si l’expression du plus grand nombre ne s’impose jamais ?

Personne ne viendra choisir à leur place leur président

En ce 26 août 2023, les Gabonais ont le double devoir d’exercer leur droit de vote et de prendre par la même occasion leurs responsabilités, en défendant - par les voies pacifiques s’entend – leur souveraineté. Car personne ne viendra choisir à leur place leur président ; personne ne viendra changer leurs conditions de vie, sinon eux-mêmes ; personne ne viendra mettre fin à la décrépitude de leur pays. Pas même la France. Le voudrait-elle que la conjoncture politique et diplomatique actuelle l’en dissuaderait. Subissant un tir nourri de critiques de la part de nombreux pays africains, qui l’accusent d’installer, soutenir et défendre des dictatures, la France serait mal inspirée de cautionner un passage en force et un énième bain de sang au Gabon. Les chances que les mascarades tragiques de 2009 et 2016 se reproduisent, sont donc infimes, sinon nulles.

Tout est entre les mains du peuple gabonais, à l’heure où le redressement du Gabon tombe sous le sens, appelant à expérimenter des solutions inédites et explorer de nouvelles voies susceptibles d’insuffler un élan neuf.

Gabonais lambda, anonymes des campagnes et des villes, acteurs politiques et de la société civile, autorités spirituelles, hommes et femmes, jeunes, actifs, retraités, diaspora et autres, sont donc à la croisée des chemins. À chacun de se hisser au diapason de ce scrutin historique.

Brandy Mamboundou

Article du 25 août 2023 - 5:30pm
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