Gabon : De sauveur, Christophe Eyi en aura-t-il été le bourreau par rapport à sa mission de redressement de la CNSS ?
Appelé en médecin urgentiste au chevet de la grande malade, la Caisse nationale de sécurité sociale, grâce au fait du prince et non à ses connaissances particulières, l’Administrateur provisoire a plus enfoncé cette structure dans une gestion calamiteuse et mafieuse qu’autre chose. Autopsie d’une situation explosive et inquiétante pour l’avenir des retraites au Gabon.
Le Gabon devient, au fil des jours, le pays de tous les paradoxes. Déjà que le secteur de la santé qui est à l’agonie, faute d’un véritable ministre à sa tête, s’est retrouvé alourdi des Affaires sociales. Conséquence d’une gestion hasardeuse de cette administration publique.
Il y a une vingtaine d’années, personne ne pouvait prévoir le sort actuel de la Caisse nationale de sécurité sociale. Naguère une fierté en Afrique, ce pan de la prévoyance sociale avait été perçu comme une véritable clé du développement du Gabon, du bien-être de sa population et, surtout, une assurance pour ses travailleurs. Le Gabon avait même expérimenté la distribution des médicaments aux travailleurs à travers des pharmacies affiliées ou des officines dont la CNSS était le promoteur.
Aujourd’hui, cette importante avancée n’est plus qu’un souvenir lointain dans la mémoire collective. Depuis l’avènement des Émergents, la sécurité sociale est devenue un vain mot. Aucune vision pour l’amélioration des conditions des travailleurs, encore moins pour celles des retraités. Et ce n’est pas en confiant les leviers de cet important outil à l’actuel ministre de la Santé qu’une solution de sortie de crise pourrait être trouvée.
Cette structure a connu des moments difficiles dans sa gestion
Une gestion épicière de la CNSS est même observée depuis 2022, date de l’avènement d’une administration provisoire. Si tout le monde s’est accordé à reconnaître que cette structure a connu des moments difficiles dans sa gestion, l’avènement de Christophe Eyi, comme administrateur provisoire, a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
Venu en sauveteur, l’administrateur provisoire a creusé davantage le trou dans lequel se trouvait la Caisse. A contrario des experts appelés pour redresser une entreprise, le secours de Christophe Eyi est apparu plutôt comme une occasion de placement d’un « copain-coquin ».
On se rappelle qu’au lendemain de sa nomination, Christophe Eyi avait obséquieusement déclaré qu’il n’avait guère besoin de salaire ou d’autres avantages liés à sa fonction, mais que son rôle serait de relever la CNSS. Plus d’un an après ce vœu pieux, force est de reconnaître qu’aucune avancée n’a été observée dans la gestion scabreuse de la Caisse.
Aujourd’hui encore, comme le déplore les usagers, « la nomination de Christophe Eyi à la tête de cette entité n’a rien apporté aux besoins d’une sécurité sociale en déliquescence », avait déclaré en mai dernier, un responsable de l’Association nationale des retraités du Gabon (ANAREG). Qui a dénoncé, par la même occasion, « la très forte subordination de l’administrateur provisoire à ses bienfaiteurs et qui n’a fait qu’accentuer le chaos dans une structure déjà moribonde ». Et d’en rajouter : « Au-delà des vuvuzélateurs et autres aboyeurs, quel bilan factuel peuvent produire l’administrateur provisoire, sa tutelle et les commissions supposées l’accompagner ? »
Une organisation regroupant toutes les parties prenantes
Face donc à cet échec de l’administrateur provisoire, l’ANAREG avait demandé à l’Etat la mise en place d’une organisation regroupant toutes les parties prenantes (patronat, syndicats, Etat et représentants des retraités), afin de fixer les modalités de recrutement d’un directeur général et de son adjoint. Exit donc Christophe Eyi.
C’est presque le même appel lancé par le Syndicat des professionnels de sécurité sociale (Sypross). Par la voix de son président, Richard Ndi Bekoung, ledit syndicat a fait un exposé, le 7 juin dernier, sur la situation morose de la CNSS en dressant « le bilan catastrophique de l'administrateur provisoire Christophe Eyi dont la mission est arrivée à son terme. »
Au-delà de cette gestion mafieuse, c’est le ministère de la Santé et des Affaires sociales qui devrait en tirer toutes les conséquences. Car, il est tout de même assez aberrant que quelqu’un qui n’a pas réussi à relever le niveau de la Santé, qu’on lui adjoigne les Affaires sociales. Comme quoi, « qui trop embrasse, mal étreint ».
Brandy Mamboundou
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