Gabon : Le chant du cygne du système Bongo-PDG

Par Brandy MAMBOUNDOU / 20 juin 2023 / 0 commentaire(s)
Accueilli avec ferveur partout où il est passé, Ali Bongo n'a pas donné à ses compatriotes le minimum vital pendant 14 ans de règne.

Même si les zélateurs actuels ou passés du régime s’illusionnent sur l’éternité d’un régime violent, cupide, insensible à la détresse humaine, incapable d’opter pour la bonne gouvernance, le cours naturel de l’histoire mettra bien un terme à cette tragédie pour les filles et les fils de cette Nation. Le Gabon d’après, fantasmé par Bruno Ben Moubamba, sera celui que les Gabonais choisiront, un renouveau de paix bâti sur une mémoire non oublieuse, dans l’exigence de propulser notre pays dans la modernité.

L’actualité récente, qui ne se confond pas avec le présent, nous informe au-delà des événements immédiats à notre portée. De nombreux épiphénomènes et quelques actes aspirant la lumière tendraient à confirmer ce que d’aucuns, dont le journaliste Jean Baptiste Placca, annoncent depuis quelque temps, à savoir la fin du régime Bongo au Gabon. De quoi s’agit-il ? Du retour, improductif en mode diversion, des dinosaures comme Louis Gaston Mayila sur la scène politique ; des atermoiements autour du calendrier électoral d’une présidentielle en passe de devenir virtuelle ; du séjour parisien du « libéré » Jean Ping et des rumeurs sur une possible transition politique. Sommes-nous en train de vivre le début de l’après Bongo ?

Bien que les thuriféraires patentés, d’hier et d’aujourd’hui, continuent de croire le contraire, ce système, bâti sur les anti-valeurs, prendra fin un jour. Personne n’étant éternel, ni son prédécesseur ni Ali Bongo Ondimba, le raïs gabonais devra bien un jour céder le fauteuil présidentiel. Cette issue inéluctable, inscrite dans la nature des choses, devrait inciter à reconsidérer l’usage du pouvoir sous la royauté des Bongo, et son impact sur les différents aspects de notre vivre-ensemble. Perspective d’un droit d’inventaire dont on ne saurait faire l’économie avant de mettre le Gabon sur de nouveaux rails. Que de plaies à guérir, d’âmes à consoler, de familles à réconcilier après tant et tant d’années de fanatisme arrogant inoculé par le parti au pouvoir.

L’ivresse de la domination et coutumiers de la vanité de détruire

La première préoccupation concerne justement les Pdgistes zélés et leur réinsertion dans une biosphère restructurée. Habitués, pendant plus d’un demi-siècle, à l’ivresse de la domination et coutumiers de la vanité de détruire gratuitement leurs compatriotes, sauront-ils trouver leur place dans ce Gabon d’après ? Rien n’est moins sûr. Eux qui se gonflent d’orgueil et passent leur temps à insulter, limoger, emprisonner, torturer, seront-ils prêts à subir les mêmes humiliations infligées aujourd’hui, sans remords et en toute impunité, à ceux qui ont eu le seul tort de ne pas penser comme eux ? À méditer, rosaire en main.

Qu’on se le dise, même si à l’oreille de certains le son est déplaisant, la fin du système actuel est en marche. C’est inéluctable. L’envisager, ce n’est pas faire œuvre d’opposition ou de subversion, mais tout simplement inviter, dans une posture responsable et patriotique, à préparer en confiance le bel avenir d’un pays béni des dieux. Pour cela, l’ambition de le propulser dans la modernité exigera le préalable d’une purification des esprits, encore trop alourdis par des comportements rétrogrades. Pour le dire simplement : il ne faudra pas que demain des blessures vengeresses soient infligées comme réparation des coups portés arbitrairement aujourd’hui. Sinon perdurera le cycle d’un bongoïsme sensualiste exaltant uniquement la violence, l’avoir, le paraître et l’irrationnel.

Comme les mouches du coche de la fable, il est certain que les privilégiés et autres profiteurs du régime actuel s’empresseront de baiser les pieds des nouveaux maîtres, reniant à l’instant même Ali Bongo Ondimba qu’ils chérissaient encore la veille dans une unanimité confinant à l’hystérie. Ils comprendront alors, s’ils se donnent la peine de redescendre de leur petit nuage, que rien sur terre n’est éternel. Et qu’ils pourraient payer demain leurs actes d’aujourd’hui.

A l’heure des bilans, Ali Bongo Ondimba a eu tort de faire confiance à un personnel politique dénué de tout esprit patriotique et de reconnaissance. Sinon, il aurait été le prolongement de son action. Aucune victime ne pouvant aimer son bourreau, et ayant refusé de « débongoisé » son règne, il se retrouve seul au milieu du gué, sans aucune alternative que de constater les dégâts de ses 14 ans à la tête du Gabon.

Elzo Mvoula

Article du 20 juin 2023 - 4:11pm
Article vu "en cours dév"

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