Gabon : Les offres de service de Jean Eyeghe Ndong font pitié et questionnent la moralité d’une génération

Par Brandy MAMBOUNDOU / 23 juin 2022 / 0 commentaire(s)
JEN préfère se réfugier chez Eyi, où l'argent coule à flots, aux palabres du PDG.

Dans quoi s’est mis l’ancien dernier Premier ministre d’Omar Bongo, ayant pris une violente distance avec Ali Bongo en 2009, au point de former avec Jean Ping un duo redoutable contre celui-là en 2016 ? A quel moment est-il convaincu par ce qu’il dit et ce qu’il fait ? Un homme est un univers à explorer.

Le Haut-Commissaire d’Ali Bongo a renoué avec les rencontres de son cocon politique de Nkembo. S’il n’a pas rassemblé grand-monde, ce qui n’est pas étonnant, quelques membres de la famille et quelques fidèles ont été là pour l’écouter, pour faire semblant, la semaine dernière. Il a annoncé, sans surprendre personne, qu’il soutiendrait Ali Bongo si ce dernier se présentait à la présidentielle de 2023. Souvenez-vous !

En 2009, il a quitté le PDG parce qu’Ali Bongo n’était pas un bon président pour le Gabon. Il est allé, avec André Mba Obame, Paulette Missambo, Casimir Oyé Mba et d’autres, fonder l’Union nationale. Il a été sénateur ensuite. Puis il a suivi Jean Ping en démissionnant avec fracas de l’Union nationale. Sa déclaration dans un hôtel à Libreville était une volée d’injures contre ses amis. Bilan à mi-parcours : démission du PDG, démission de l’UN. En 2018, il traite les électoralistes de l’opposition de « maboules ».

Trahison de la mémoire d’Omar Bongo, trahison de l’Union nationale

Puis, deux ans plus tard, il abandonne Jean Ping pour rejoindre Ali Bongo. Bilan final : trahison de la mémoire d’Omar Bongo, trahison de l’Union nationale, trahison de l’opposition, trahison de Jean Ping, trahison des idées qu’il défend, en l’occurrence la bonne gouvernance et l’alternance, retour au « bongoïsme » primaire. Disons, retour à sa nature : l’argent, les privilèges. Guy Christian Mavioga doit être fier d’avoir ouvert « la voie » à ce type pour retrouver une santé financière.

D’autant plus que, pour parler simplement, jusqu’en 2020, Jean Eyeghe Ndong considérait qu’Ali Bongo ne gérait pas bien le Gabon. Maintenant il croit que le même Ali Bongo, diminué par la maladie, est un bon président. A quel moment, dans tout ce périple, croit-il à ce qu’il dit ? Lui qui, de retour d’un séjour en France, avait dit « Jean Ping prend le pouvoir demain ». Mais bons, oublions ça !

Il a toujours considéré Jean Ping comme président élu

Toutefois, la déclaration dernièrement de Jean Eyeghe Ndong a provoqué une poussée de boutons chez plus d’un. Alors qu’il a toujours considéré Jean Ping comme président élu, comment peut-il être crédible quand il avance désormais qu’il soutiendra Ali Bongo ? Un père de famille, un homme de sa trempe, son éducation, de son niveau d’instruction, avec toute son expérience politique, doit-il autant s’humilier auprès de son adversaire ? L’affaire choque dans tous les recoins du pays qui s’intéressent à la chose politique. Certains se demandent quel était le niveau de ses difficultés financières pour se mouiller ainsi alors qu’il était encore récemment sénateur ?

Pour sûr, Jean Eyeghe Ndong ne convainc personne sur la sincérité de sa démarche. Et il ne constitue guère un avantage pour un Ali Bongo prêt à humilier ses adversaires à tous les prix. Il n’est pas d’ailleurs certain que le même Ali Bongo fasse confiance à Jean Eyeghe Ndong. Qui a trahi, trahira encore… Mais, au moins, il a de quoi vivre ! Puisque, suivant son expérience, la politique ne se résume qu’au ventre.

Vichanie MAMBOUNDOU

Article du 23 juin 2022 - 10:16am
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