Ballottée de ministère en ministère depuis son entrée au gouvernement, grâce à l’entregent de son défunt parent Kota comme elle Issoze Ngondet, à l’époque Premier ministre, l’ex-ministre de la Pêche et de la Mer, devenue entre-temps une protégée, dit-on de Sylvia Bongo, l’épouse d’Ali Bongo, n'en mène pas large dans sa fonction ministérielle. La preuve…

Voilà une grève qui pourrait venir assombrir à nouveau le climat social déjà lourd depuis quelques semaines. La ministre des Affaires sociales allonge la liste des dirigeants politiques qui peinent à gérer les crises dans leurs départements ministériels.

Le personnel réclame depuis bien longtemps, l’amélioration de ses conditions de travail, l'établissement d'une carte professionnelle et le versement de la dernière tranche de la Prime d'incitation à la performance (PIP), ainsi que de bien d’autres avantages. Mais du côté des dirigeants, c’est la litanie des promesses non tenue qui est perpétuellement servie. D'où la frustration, de plus en plus mal contenue, des fonctionnaires qui n’ont pas manqué de le faire savoir, au cours d’une assemblée générale qui s'est tenue le jeudi 9 décembre dernier à Libreville. En effet, ça pourrait bientôt chauffer au ministère des Affaires sociales et des droits de la femme où la ministre Prisca Koho Nlend peine à instaurer un climat de sérénité. 

Les deux grands syndicats, à savoir, le Syndicat national des travailleurs de l'administration scolaire (Synatrass) et le Syndicat national des professionnels de la famille (Synapf), sont vent debout. 

Roger Ondo-Abessolo, le secrétaire général du Synatrass nous a récemment confié :

« Il faut dire que nous n’avons eu de cesse de parler des problèmes internes à notre ministère. Notamment au sujet de la régularisation des situations administratives, dans lesquelles nous ne voyons pas clair. Ni de ce qui a été fait, ni de ce qui reste à faire. Nous demandons depuis longtemps, que l'on nous présente l'état actuel des régularisations administratives dans notre ministère. C'est le silence radio… Nous avons en outre statué sur la question de la PIP qui devrait être payée depuis longtemps. On nous avait demandé d'attendre la clôture de l'exercice budgétaire. C'est fait. Mais, il n'y a rien de tout cela. »

Le SG du Synatrass, toujours peu avare de récriminations, n'a pas manqué de fustiger la gestion chaotique des différents budgets alloués à leur département ministériel. Désormais ils exigent la transparence : « Aujourd’hui, nos bases ont demandé aux Syndicats de saisir les instances compétentes pour l'audit de gestion chez nous. Il faudrait qu'on sache comment les budgets affectés au ministère des Affaires sociales sont-ils dépensés. Où va cet argent ? Parce que lorsqu'on regarde l'importance du budget alloué au ministère, nous ne voyons pas l'impact positif sur le plan social… »

Incapable de trouver des solutions idoines des enseignants de son secteur, le ministre de l’Education nationale songerait à récupérer le volet de la préscolarisation, pourtant géré par les affaires sociales. Une option avec laquelle Roger Ondo Abessolo, s’exprimant au nom des syndicats, n’est pas d’accord :

« Il y a le fait que le ministre de l'Education nationale souhaite récupérer la section préscolaire. De la tranche d’âge qui va de 0 à 5 ans, elle est aujourd’hui sous la responsabilité du ministère des Affaires sociales. À l'époque du Premier ministre Ona Ondo, une réunion avait été organisée pour clarifier tout cela. Je pense qu'à l'issue de ce tour de table, le gouvernement de l’époque avait tranché en faveur des Affaires sociales. Nous n’accepterons pas que tout ceci soit remis en cause par la seule volonté de Mouguiama-Daouda qui a pourtant du grain à moudre ailleurs. »

Comme on le voit, Prisca Koho Nlend ne rassure personne ! Bien au contraire.

Dess BOMBE