Gabon : Un secrétaire général du PDG pour le farniente ?

Par Brandy MAMBOUNDOU / 02 avr 2023 / 0 commentaire(s)
Incontestablement, le nouveau Sg du PDG est dépassé par le poids de la fonction.

Inconstances, intrigues, ligne politique floue, sanctions à la hussarde, le Parti démocratique gabonais est en pleine lévitation et semble traverser la pire crise de management depuis sa naissance sur les bords de la Bouenguidi (Koula-Moutou) en 1968. En cause, le management plus qu’approximatif, exclusif et en accordéon de son secrétaire général, prisonnier d’une coterie qui tire maladroitement les ficelles au vu et au su de tout le monde. Cyriaque Mvourandjiami étant, semble-t-il, le préposé aux basses besognes.

C’est finalement ce dimanche 02 avril que le Parti démocratique gabonais (PDG) organise son 55ème anniversaire. A l’annonce de cette nouvelle, un observateur du paysage politique national a lancé cette boutade : « On voit les pédégistes partout, mais le PDG nulle part ! ». Ce dard résume bien le climat anxiogène qui règne dans le parti dit des masses. A cinq mois de la présidentielle et alors que d’autres partis et leurs leaders pourtant moins lotis en moyens financiers et en militants sont sur le terrain, au PDG, c’est le silence à part faire la fête dès qu’une opportunité se présente, se plaint un vieux militant de base. A Louis, on a fait sienne la maxime de Lamartine demandant au temps de suspendre son vol avec un parti maintenu en lévitation, attendant des hypothétiques ordres venant d’on ne sait où.

Mais pour beaucoup de camarades, cet enlisement était prévisible dès la nomination au poste de secrétaire général (SG) du PDG de Steeve Nzegho Dieko, universitaire certes, mais sénateur nommé par le Raspoutine de service le ci-devant Mvourandjiami Cyriaque et entériné par le DCP Ali Bongo Ondimba.  A l’épreuve des faits, la fonction se révèle être un costume trop ample pour ses frêles épaules donnant raison à ceux qui avaient émis très tôt des doutes quant à sa capacité à manager ce mastodonte cinquantenaire.

Le secrétaire général devait avoir un certain profil et répondre à des critères spécifiques

Et les approximations managériales s’accumulent, en effet. Le parti au pouvoir est devenu un espace d’intrigues – ce n’est pas nouveau - un office de règlements de comptes entre clans générationnels, au lieu d’être un laboratoire d’idées, une force de propositions, un outil d’aide à la décision au service du gouvernement et de son chef DCP Ali Bongo Ondimba. Dans l’esprit du fondateur Omar Bongo Ondimba, le secrétaire général devait avoir un certain profil et répondre à des critères spécifiques. Fervent militant aux états de service affirmés, il devrait avoir fait toutes ses classes au sein du parti et gravi les échelons. Surtout, il devait faire montre de fidélité et de loyauté au Distingué Camarade président (DCP) son unique chef.  Or Steeve Nzegho Dieko, qui n’a toujours pas compris que son seul chef c’est Ali Bongo, est loin de remplir ces critères. Sans étoffe, mal préparé, voire pas du tout, fêtard professionnel, auteur des vidéos similaires à celles de Johnny Hallyday, il ne saurait faire le job. Ceci est incontestable, affirment plusieurs pédégistes.

Et les couacs qui font sursauter plus d’un camarade s’accumulent. En juillet 2022, après avoir lancé « Le rendez-vous du militant » à grands frais, les militants de base et les hiérarques ont fait un diagnostic sans complaisance de l’état du parti et des maux qui le minent : démobilisation, clanisme, crocs-en-jambe, autoritarisme de la nouvelle génération sans états de service connus qui bloquent les projets, népotisme, etc.  Les solutions à ces malaises n’ayant pas été trouvées que déjà le SG a lancé en janvier 2023, et ce dans la précipitation, « Le rendez-vous du citoyen avec Ali Bongo Ondimba » et commencé à sillonner les quartiers de Libreville. Notamment : « Derrière l’ENS », « Cité Damas », « Bikele Nzong ». Or, selon les murmures sortis de Louis, ce genre d’initiative est réservé aux fédéraux, aux membres du bureau politique (MBP) ou aux élus. Tout ça fait désordre.

Cette base est excédée de voir des ovnis atterrir dans leurs fiefs

Autre anecdote, la longue attente des nominations des membres du bureau politique (MBP) et des conseillers nationaux (CN). Lors des tournées, le SG avait pourtant clamé que c’est le pouvoir à la base qui proposerait désormais les camarades aux fonctions de MBP et de CN. Cette base est excédée de voir des ovnis atterrir dans leurs fiefs, inconnus du cru, parler en leur nom. Cette longue attente crée frustrations et exaspérations chez les militants. Pis, le marchandage et le copinage sont devenus monnaie courante. Conséquence, l’impensable est arrivé : cinq cadres militants de l’Ogooué-Maritime ont récemment démissionné du PDG sous la gouvernance du SG universitaire. Un mauvais signal, pour ne pas dire plus.

De plus, Steeve Nzegho Dieko aurait les mains liées, prisonnier d’une camarilla tapie dans les strates politiques et de l’administration, dont la tête de pont à l’intérieur de l’appareil du parti est l’inamovible et inoxydable DC du DCP Mvourandjiami Cyriaque. Ce management sous influence est inopérant et ne sert pas les intérêts du Distingué Camarade président, le seul chef à qui il doit rendre des comptes, clame un vieux cacique du parti, membre du conseil consultatif des sages. Ne pas le comprendre, c’est s’exposer au dégagisme. Même les Saintes écritures le disent : « On ne peut servir deux maîtres à la fois ». Pour ne l’avoir pas compris, « Steeve Nzegho Dieko doit dégager », assène un autre pédégiste excédé par les intrigues d’appareils.

Dans un tel climat, la devise du PDG « dialogue-tolérance-paix » est loin d’être en partage.

Vichanie Mamboundou

 

 

 

 

 

Article du 2 avril 2023 - 12:24pm
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