Gabon:Transition politique et transition minière

Par Elzo MVOULA / 12 mar 2024 / 0 commentaire(s)
Expertise geologique en RDC, sous escorte militaire

Il est l’un des meilleurs géologues de notre pays. Son background est éloquent. Il connaît et maîtrise le bassin sédimentaire du Gabon à la perfection. Tant il a roulé sa bosse dans presque toutes les provinces. Mounana, Ndjolé, Etéké…Pas que ! Ses services sont sollicités au Congo-Démocratique et dans d’autres pays du continent. Dans ce point de vue, Antoine Mathurin Ango déroule le tapis de l’exploitation minière dans notre pays. Il estime que « L’avènement de la Transition politique, le 30 août 2024, est arrivé à point nommé. Les Gabonaises et Gabonais ont recouvré leur exclusivité dans l’artisanat minier et la mine à petite échelle. Les procédures y relatives ont commencé à s’assouplir et la démocratisation de la gouvernance minière est en marche ». Lecture ! 

L'exploitation minière est active au Gabon depuis près d’un siècle. Dans les années 1940 à 1950, la mine d’or d’Eteké a été exploitée par des Belges. Le secteur minier du Gabon a ainsi connu, dans le passé, un développement remarquable qui, après la Seconde Guerre mondiale, a conduit à la découverte, au développement et à la mise en exploitation des gisements d’uranium de Mounana et de manganèse de Moanda par un groupement de sociétés occidentales, notamment le Commissariat à l’énergie atomique de France (CEA), Mokta et Pennoroya. Il est à rappeler que ces métaux étaient alors particulièrement recherchés car nécessaires, respectivement, pour le développement du nucléaire civil dont la France est leader mondial, et pour la sidérurgie. 

 Contrôles des traveaux du cabinet SRK à Belinga

A partir des années 1990, la construction des centrales nucléaires pour la production de l’électricité ainsi que la demande de l’Occident en aciers spéciaux à manganèse vont connaître un certain ralentissement. 

L’Etat gabonais a alors réalisé d’importants travaux d’exploration géologique et minière de notre pays, en collaboration avec le Bureau des recherches géologiques et minières de France. Cela a permis au secteur minier du Gabon de se développer. A la faveur de la hausse de la demande et des cours de nombreux métaux, notamment du fer, essentiellement tirée par la demande de la Chine et des dragons asiatiques, de nombreuses sociétés minières internationales se sont intéressées au sous-sol du Gabon, et y ont acquis des permis de recherche minière tel que les majors BHP Billiton, Rio Tinto, Anglo-American, CVRD-Vale et bien d’autres. 

Cet afflux n’a pas su être capitalisé par les gouvernants, qui ont alors développé une taxation de l’exploration qui, partout au monde, est pratiquement défiscalisée. S’en sont suivis, en 2009, un Code minier outrancièrement répulsif et le début d’une mauvaise gouvernance minière. L’avantage comparatif dont jouissait notre pays auparavant s’est étiolé. 

  La gouvernance minière est en marche 

 Expertise minière sur gisement de fer au Congo Brazzaville

L’avènement de la Transition politique, le 30 août 2024, est arrivé à point nommé. Les Gabonaises et Gabonais ont recouvré leur exclusivité dans l’artisanat minier et la mine à petite échelle. Les procédures y relatives ont commencé à s’assouplir et la démocratisation de la gouvernance minière est en marche. Il ressort que le président de la Transition a personnellement pris à bras-le-corps la problématique de la restauration et de la préservation des intérêts nationaux et de la province de l’Ogooué-Ivindo, dans la mise en œuvre du projet Belinga. Les améliorations y relatives seront bientôt annoncées. 

Avec cette prochaine remise sur les rails du projet Belinga, le CTRI est en train d’opérer une transition salvatrice de la gouvernance du secteur minier du Gabon. La province de l’Ogooué-Ivindo, dont le potentiel minier est particulièrement riche, devrait en être l’un des principaux bénéficiaires. A commencer par la relance du projet d’exploitation du fer de Belinga. 

Les formations géologiques présentes au Gabon, et particulièrement dans la province de l’Ogooué-Ivindo, sont favorables pour l’existence de métaux de la transition verte. Outre le fer, plusieurs occurrences de métaux précieux et de métaux critiques qui sont recherchés pour la double transition énergétique et numérique ont été répertoriées à Belinga ; ce qui constitue un atout supplémentaire pour la valorisation de ce gisement. 

Cette nouvelle vision à haute valeur ajoutée pour l’exploitabilité de Belinga 

L'on peut citer, entre autres, l’or, le molybdène, le cuivre, le scandium, le cobalt, le coltan et les Terres rares. Belinga est, en termes de sciences géologiques et minières, une cible d’oxydes de fer polymétalliques. Il importe de saluer ici cette nouvelle vision à haute valeur ajoutée pour l’exploitabilité de Belinga. 

Le cas des gisements de fer du Quadrilatère ferrifère du Brésil qui, jadis, ne produisait que du fer et où sont également exploités, aujourd’hui, le cuivre et l’or, est un exemple de référence. 

La transition politique que connaît actuellement notre pays est donc en train d’inspirer la transition du développement du secteur minier du Gabon en général, avec comme corollaire l’avènement d’une gouvernance nouvelle minière encline de nationalisme minier et de reconnaissance des compétences. L’avenir minier du Gabon passe par ce renouveau.

 En casquette blanche, l'expert géologue minier national Mathurin Ango

Les errements qui ont émaillé les relances récentes du projet Belinga en 2006-2008 et en 2021-2023 sont la résultante de l’amateurisme de néophytes qui ont voulu se faire passer pour des spécialistes en géologie minière et/ou en exploitation minière, alors qu’ils ne répondent pas de formations académiques appropriées et encore moins d’une expérience avérée dûment reconnues par les pairs, l’UMIGA (Union des mines du Gabon) et l’AGASE (Association gabonaise des acteurs du secteur extractif). 

Antoine Mathurin Ango (Ingénieur géologue minier
Consultant minier international

Point focal de CAMA (Central Africa Mining Association) Gabon,
démembrement de l’Association africaine (UA) pour l’implémentation de la
vision minière africaine)

 

 

 

Article du 12 mars 2024 - 2:05pm
Article vu "en cours dév"

Nombre de Commentaires (0)

Faites un commentaire !