Le Gabon admis au Commonwealth : Un sésame pour le développement du pays ?

Par Brandy MAMBOUNDOU / 30 juin 2022 / 0 commentaire(s)
Ali Bongo jubile, les Gabonais dans l'expectative.

« Quand on est sur le point de se noyer, on s’accroche à tout, même à la queue du caïman », dit notre sagesse populaire. L’enthousiasme des autorités de Libreville donne le vertige, tant le régime fantasme sur un hypothétique développement après l’adhésion du Gabon à l’organisation de l’autre ancienne puissance coloniale, la Grande Bretagne.  

En 1970, quand le Gabon accède à l’organisation islamique, les rêves de développement inondent déjà le cerveau du chef de l’État gabonais de l’époque, El Hadj Omar Bongo. Depuis lors, si le pays compte plus de musulmans, il n’affiche pas plus de signes de développement. Et s’il reçoit quelques subsides de la Banque islamique, l’arabe n’a pas supplanté le français comme langue officielle du Gabon. Au compteur, ce petit eldorado gâté par la nature est toujours dans la catégorie des pays en voie de développement. 

L’adhésion au Commonwealth n’est pas plus progressiste que la Francophonie n’est démocratique. Le Commonwealth, tout comme la Francophonie, défend la démocratie et les droits. Or, force est de constater que même cette adhésion n’a pas suivi les formes démocratiques adéquates. En effet, d’aucuns regrettent que les autorités gabonaises n’aient ni initié un débat sur la question, ni organisé un référendum pour que les Gabonais choisissent, en conscience et en connaissance de cause, le destin qui leur convient. Le Palais présidentiel a décidé seul ; le Parlement a été ignoré, le peuple aussi. Nul ne comprend ainsi cette phrase autrement que comme une farce, lorsqu’Ali Bongo déclare : « Mais avant tout, cette adhésion n’aurait pas été possible sans les efforts de tous. Des institutions, des administrations, des associations et de vous, citoyens de notre grand pays ». 

À la vérité, comme de coutume, Ali Bongo s’est trompé de diagnostic. Ce qui est à l’origine de son échec depuis son accession au pouvoir en 2009, ce n’est ni la langue française, ni l’absence de la langue anglaise ; ce n’est pas non plus la France puisqu’il ne défait pas les relations avec l’ancienne puissance coloniale, ni l’absence de la Grande Bretagne dans l’économie nationale ; mais les choix politiques et économiques, la rigueur budgétaire, les mauvais castings, les détournements des deniers publics, la corruption… Soit autant de péchés que le Commonwealth et la langue anglaise ne pourront effacer. L’enthousiasme des uns et des autres est donc à nuancer, et à tempérer sérieusement. 

À côté, le Cameroun qui est membre du Commonwealth depuis 1995, n’est ni plus développé ni plus démocratique que le Gabon. Et que dire de l’Ouganda, par exemple ? Même le Rwanda n’est pas un modèle de démocratie. Et si son modèle économique est cité comme une référence, il ne faut pas non plus oublier qu’il pille les ressources minières de la République démocratique du Congo (RDC). Et le Commonwealth ferme sagement les yeux. Alors, cette organisation transnationale n’est pas toujours le lieu où l’on encourage les bonnes pratiques en matière de développement et de démocratie. Tout ce cirque montre que le Gabon est à la traîne et le régime en peine. Du coup, il veut s’accrocher à n’importe qui, même au caïman. Pourvu qu’il ne se noie pas de plus belle.

Vichanie MAMBOUNDOU

Article du 30 juin 2022 - 9:34pm
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