LE REVE IMPOSSIBLE ?
Dans une actualité très fortement perturbée au Gabon, avec notamment le déroulement dans une atmosphère rythmée par la cacophonie, Flavien Franck Rebêla Rogombé – dans la tribune ci-après - situe le rôle de chaque camp politique au Parlement et surtout dans la concertation politique qui vient de s’ouvrir sous l’instigation du chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba. Lecture !
Il y a des événements politiques qui ne laissent indifférents que les anarcho-profito-situationistes dont la volonté est d'achever de tuer définitivement notre pays qui est au bord de la ruine. Sinon ruiné !
Pourquoi je fais preuve d'un pessimisme débordant qui ferait bourdonner les oreilles du PM, lequel parle de ne pas tuer le rêve des Gabonais de connaître un beau pays, prospère et démocratique ? Parce que les choses du Gabon font pleurer.
On nous apprend, par l'intox, que l'opposition peine à s'entendre sur ses délégués à la concertation. N'était-ce pas prévisible, voulu et entretenu ?
Car, si le législateur a prévu de rendre inclusive l'organisation des élections, en lieu et place de l'administration territoriale, il s'est arrêté à mi-chemin de sa réflexion. En effet, le code électoral énonce que les organes électoraux sont dirigés à parité entre l'opposition et la majorité, sans que ces deux groupes politiques distincts soient clairement identifiés et encadrés par une loi ou un décret. Ce flou, voire cette hérésie, rendent effectivement compliqués les rapports techniques dans l'opposition, dont les partisans ont des intérêts diffus, contrairement à la majorité au pouvoir, qui a pour but principal sa conservation en s'appuyant sur les moyens que lui confère sa position.
L’opposition dans le processus électoral
Il eut fallu donc à notre Etat de tout mettre en œuvre pour rendre les choses plus limpides. Il aurait fallu pour cela mettre en place un dispositif législatif pour dire, c'est quoi la majorité ou l'opposition. Sous d'autres cieux africains (le Niger), la solution a été la mise en place d'un statut de l'opposition par le biais d'une loi. (La Cour Constitutionnelle qui se pavane dans le pays aurait dû alerter ce vide sidéral et aurait été dans son rôle).
Généralement, la Loi portant statut de l'opposition est un texte voté par le Parlement. Celle-ci, appuyée d'une charte de l'opposition, est déposée au ministère de l'Intérieur qui s'y réfère pour réguler le fonctionnement de l'opposition. Le statut de l'opposition définit la qualité, le fonctionnement, les grades et les incompatibilités. Il fixe(rait) par sa structure de répartition la représentation dans les organes électoraux, puisque le Gabon a opté pour la parité dans leur fonctionnement. Aussi, il ne reviendrait plus au ministre de l'Intérieur qui est issu d'un gouvernement majoritaire de trancher dans le vif en cas de conflit interne "des oppositions". Mais de ne s'appuyer que sur la loi. Uniquement, que sur elle ! Rien que sur elle !
Si cette étape préalable n'est pas réalisée, il ne pourrait y avoir ni sérénité, ni une vraie opposition d'autant que la cacophonie va se poursuivre lors de la mise en place des commissions locales et des bureaux de vote. Ainsi, des partis qui n'auront aucun candidat dans aucune élection, se retrouveront membres dans les organes électoraux.
Je passe un peu du coq à l'âne pour répondre à un article paru hier, qui croit savoir que le RPM se contredit quand il collabore avec le parti "Réagir" qui n'a aucun élu. L'auteur de cet article commandité dans une obscure officine, bien connue, se trompe royalement. Le RPM qui est représenté à l’Assemblée nationale est légitime pour revendiquer un meilleur traitement, car c'est au nom de cette même représentativité que la majorité existe. Comme la majorité, le RPM à loisir de céder ses places acquises à des partis amis ayant des experts dans un domaine ou pour le représenter dans un bureau de vote. (C'est le sens même des regroupements par affinités).
Donc, ici il ne faut pas confondre le poids du RPM et les relations avec ses alliés. (Bref)
Même si on note aujourd’hui un rétropédalage du ministre de l'Intérieur à propos du principe de représentativité, qui aurait dû être à la base de tout, depuis la mise place du CGE, on comprend mieux la légalisation tous azimuts des partis politiques de l'opposition en un temps record. Il y en a 85 et donc 85 possibilités de listes dans toutes les situations paritaires.
Statuer sur le rôle de l’opposition
C'est net, la concertation ouverte devrait proposer en urgence une loi sur les statuts de la majorité et l'opposition pour s'arrimer au code électoral qui désigne deux blocs distincts. On éviterait des postures inconcevables qui voient des partis ayant des membres dans le gouvernement se réclamer de l'opposition dont la définition lexicale est pourtant claire. « Dans un régime représentatif (avec un parlement élu), l'opposition est l'ensemble des partis qui n'appartiennent pas à la majorité parlementaire ou à la coalition au pouvoir. C'est-à-dire qui ne siège pas avec la majorité ou qui ne sont pas représentés au Gouvernement ». (Le cas Menga et Mabiala, qui ne s'accordent pas, en est une illustration).
Seulement, l'opposition au pouvoir a-t-elle les moyens, la présence d'esprit et la petite volonté de se libérer du poids de sa complicité légendaire et structurelle d'avec le pouvoir qui tire le Gabon par le bas de la démocratie, en le confinant dans les premières places des pays les plus autoritaires du monde ?
Flavien Franck Rebela Rogombe, ancien Sénateur de la République.
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