Dans le cadre de la journée nationale des légitimités traditionnelles du Mali, tenue le samedi 11 novembre 2023 à Bamako, Dr Abdoulaye Sall, président de Cri 2002, a présenté une communication sur la thématique : « Comment mieux impliquer des autorités et légitimes traditionnelles dans les activités initiées par l’État en matière de prévention et de règlement des conflits ».

Dr Abdoulaye Sall a tout d’abord salué les différentes interventions tenues par les autorités lors de l’ouverture de la Journée. Pour lui, ces déclarations sont la preuve qu’il y a les acquis importants concernant l’implication des autorités et des légitimités traditionnelles dans la gestion des conflits.

Selon Dr Sall, les autorités et les légitimités traditionnelles sont déjà impliquées dans toutes les activités initiées par l’État. La constitution du 22 juillet 2023, dans son article 179, fait des autorités et légitimités traditionnelles des gardiennes des valeurs sociétales dans sa globalité, mais également dans leurs spécificités. « Elles doivent contribuer à quoi elles doivent contribuer vis-à-vis de ça. Et aussi, elles doivent contribuer à la paix et à la réconciliation. Des dispositions qu’on traite qui doivent être désarticulées à travers des lois et des règlements », a-t-il dit.

Les différentes catégories de légitimités traditionnelles, coutumières et religieuses seront déterminées par la loi. Les textes d’application de cette disposition suivront. « Il faut que les guides des autorités et des légitimités traditionnelles se mettent également en position de contribuer pour que ces textes et règlements soient en phase avec ce qu’elles ont pris elles-mêmes comme engagement et dans le cadre de partenariat, non seulement avec l’État, mais également avec des contrats sociaux avec leurs populations respectives », a-t-il soutenu. Avant de poursuivre, « Maintenant que les légitimités traditionnelles ont reçu de l’État un drapeau, des insignes, des certificats de reconnaissance, elles doivent travailler sur les deux tableaux : le tableau de la légitimité vis-à-vis de leurs communautés respectives, le tableau de la légalité de leurs engagements vis-à-vis de l’État ».

Pour Dr Sall, les légitimités doivent s’abreuver de la vision du cadre stratégique de la refondation de l’État, qui vient d’être également adopté le 15 juin. « C’est d’avoir un Mali bien gouverné, sécurisé et stable, également un Mali respectueux des droits de l’Homme, des valeurs socioculturelles. Nous ne pouvons pas aller vers cette vision sans que nos villages, fractions et quartiers ne soient bien gouvernés, bien sécurisés, stables, respectueux des droits de l’Homme et de nos valeurs socioculturelles », a-t-il expliqué.

Par ailleurs, le président de Cri 2002 pense que cette deuxième édition peut être porteuse d’expérience. « Nous devons contribuer à opérationnaliser la disposition constitutionnelle, relative à la place et au rôle des autorités traditionnelles, dans le cadre du pouvoir mixte judiciaire, qui est indépendant des autres pouvoirs », a-t-il affirmé.

Toute chose qui rentre dans l’arsenal juridico-politique du Mali pour atténuer les conflits au niveau des différentes localités. En matière de gestion, de règlement et de prévention des conflits, pour lui, il faudra renforcer et consolider les COFO par la nouvelle envergure que vient de prendre les légitimités traditionnelles. « Nous nous sommes battus jusqu’au 22 juillet 2023 pour faire entrer nos autorités et légitimités traditionnelles dans l’ère du 21ᵉ siècle. C’est un acquis parce que l’article 179 de la constitution leur en donne non seulement le droit, mais également le devoir », a-t-il déclaré.

Pour le Dr Abdoulaye Sall, il s’agit de donner la preuve de cette légalité au niveau constitutionnel. Les autorités traditionnelles doivent montrer qu’elles sont à hauteur de pouvoir aider le pays à aller résolument vers le vivre ensemble, la réconciliation nationale et la paix.

Hamadoun Alphagalo (de notre correspondant permanent au Mali)