Les ressortissants du centre du Mali ont animé un point de presse le samedi 12 août 2023, pour alerter les autorités sur la situation sécuritaire qui se détériore ces derniers temps, avec ses lots de morts et des déplacés massifs de villages entiers.

Dans son intervention, Hamidou Djimdé, président du mouvement Baguiné Sô, a déploré le fait que les villages se vident de leurs habitants pendant cette période hivernale. « Le fait que les villages se vident de ses habitants est mauvais, mais le fait que les villages se vident de ses habitants pendant l'hivernage est encore pire », a-t-il décrié.

Ainsi, il a demandé aux plus hautes autorités du pays de charger la gendarmerie locale d’ouvrir une enquête afin de traquer les auteurs des tirs à balles réelles sur les manifestants lors de la marche pacifique et patriotique organisée par les forces vive de la région de Bandiagara le 9 août dernier. Et d’ajouter que les auteurs de cet acte ignoble soient traduits devant la justice.

Pour sa part, Aboubacar Konaré, un chasseur ressortissant du cercle de Niono, une zone fortement touchée par l’insécurité depuis plusieurs années, dans la région de Ségou, a déclaré que le village de Dogofry se trouve dans une situation très délicate. Mais, cette année 2023, selon Konaré, la zone aura connu une légère amélioration par rapport aux années antérieures. Cependant, Aboubacar Konaré a expliqué que la zone de Farabougou est toujours occupée par les extrémistes. Il a soutenu que même combattre ces malfaiteurs devient difficile, car ils sont dans le village, parmi les villageois. Ainsi, il a demandé aux autorités de coopérer avec eux, les donzo. Ils pourront ainsi servir facilement de guides aux militaires, qui pourront faire la différence entre les terroristes et les villageois. « Cette guerre n'est pas une guerre intercommunautaire, toutes les ethnies du Mali sont représentées dans les rangs des terroristes », a-t-il reconnu.

À son tour, Adama Diongo, président du Collectif des associations des jeunes du Pays Dogon (CAJPD) a dénoncé le silence des autorités face à la détérioration de la situation sécuritaire au pays Dogon.

S’adressant à certains agitateurs, tapis à Bamako, sans aucune information sur la situation au centre du pays, Adama Diongo a demandé à ces derniers qu’ils sachent raison garder. S’ils ne peuvent compatir à la douleur des pauvres citoyens maliens. Pour lui, tout le Mali se verra dans la difficulté si une partie du pays est affectée par des situations malheureuses. « Si le centre n'est pas en paix, Bamako ne sera pas en paix. Parce que la plus grande zone d’élevage et d’agriculture des céréales est le centre du pays. Tant que les agriculteurs et les éleveurs ne font pas leurs activités pour approvisionner Bamako, tout le pays continuera à acheter des céréales importées, et cela, à des prix très élevés », a-t-il expliqué.

Quant à Souleymane Fané, un donzo de la zone de Macina, dans la région de Ségou, il a attesté que seuls les villages qui ont accepté de signer les accords avec les djihadistes arrivent à cultiver. Pour lui, on dit que l’armée est montée en puissance, mais cette montée en puissance de l'armée ne sert à rien, si elle n'est pas capable d’intervenir lorsque les populations sont attaquées par les terroristes.

 Enfin, Bocary Guindo, président du bureau national de la jeunesse, Ginna Dogon, est revenu sur les événements les plus récents. Pour lui, le fait de tirer à balles réelles sur les manifestants, qui sont déjà meurtris et qui n’ont voulu que montrer leurs détresses face à des tueries massives des villageois, face au silence des autorités militaires, est inacceptable. Ainsi, il a demandé à ces dernières de prendre des mesures idoines afin de trouver une issue définitive à cette crise sécuritaire qui n’a que trop duré.

Hamadoun Alphagalo(de notre correspondant permanent au Mali)