Tribune libre : L'opposition est bien dans son rôle !

Par Brandy MAMBOUNDOU / 31 mai 2022 / 0 commentaire(s)

Depuis que le ministre, Porte-parole du gouvernement, a récemment déclaré que l’opposition n’avait pas de projet alternatif à proposer aux Gabonais, la notion de « *projet de société* » fait florès dans le débat politique national, sans que l’on sache réellement ce qui se cache derrière cette locution.

Au demeurant, il est étrange, qu’à chaque fois qu’ils sont mis face à leur échec, les tenants du pouvoir ne trouvent rien de mieux à faire pour se justifier que de se défausser sur l’opposition, comme si cette dernière était associée à la gouvernance de l’Etat. Faut-il leur rappeler que ce sont eux qui sont en charge des affaires du pays depuis 13 ans ? Que c’est donc à eux, et à eux seuls, qu’il revient de rendre des comptes aux Gabonais ? Les éclairer sur les conditions dans lesquelles ont été dépensés les milliers de milliards de francs CFA issus des recettes pétrolières et du surendettement du pays ? Leur expliquer pourquoi, et pour quel résultat, ont-ils à ce point alourdi la dette publique du pays, alors que dans le même temps, le prix du baril de pétrole battait des records historiques ? Les situer sur la manière dont ils comptent s’y prendre pour mener le Gabon à l’émergence à l’horizon 2025, au regard de la situation actuelle du pays ?

Il est dans le rôle de l’opposition de s’opposer, de critiquer la politique du gouvernement, surtout quand celle-ci va dans le mauvais sens, quand elle se fait au détriment du pays et du bien-être de ses habitants. C’est l’essence même de la démocratie. Méconnaître ce droit à l’opposition, c’est nier l’existence de la démocratie dans notre pays. En critiquant l’action du gouvernement, l’opposition ne commet aucun crime de lèse-majesté, ne brise aucun tabou, ne contrevient à aucune règle déontologique. Elle exerce simplement un droit que lui donne la Constitution et ses critiques sont ad rem et non ad hominem.

La vocation d’une opposition qui se respecte n’est pas de souffler des idées au gouvernement, ni de l’accompagner, encore moins de lui décliner son projet de société, mais de soumettre ses propositions, le moment venu, au jugement des Gabonais, le seul qui compte, et à l’appréciation des partenaires extérieurs du Gabon. Mais même lorsque l’opposition gabonaise a eu à formuler des propositions pertinentes, comme l’a souvent fait l’Union Nationale à travers ses différentes déclarations, notamment en matière de politique économique et sociale, le gouvernement a toujours répondu par le mépris et l’arrogance.

Qu’est-ce qu’un projet de société et à quoi sert-il ?

C’est un document écrit, généralement indicatif, dans lequel un parti ou un homme politique décline sa vision globale du pays. Le projet de société expose les grandes options philosophiques, idéologiques et axiologiques qui serviront de base à l’action de ce parti ou de cet homme politique, une fois installé aux manettes de l’Etat. De ce point de vue, le projet de société est un document davantage philosophique que programmatique. C’est la raison pour laquelle il ne suffit pas de disposer d’un projet de société, encore faut-il se donner les moyens de le traduire en un programme d'actions indiquant clairement les objectifs, les actions envisagées pour les atteindre, les coûts et les financements. Il faut en plus disposer des compétences nécessaires à sa mise en œuvre et faire preuve de volontarisme.

En ce qui la concerne, l’Union Nationale dispose depuis sa création en 2010 d’un projet de société assorti d’un programme d’actions en bonne et due forme. Ce programme d’actions, qui a été porté par Casimir Oye Mba à l’élection présidentielle de 2016, a été actualisé et adopté unanimement lors du dernier congrès ordinaire du Parti.

Sans entrer dans les détails, on peut dire que le programme d’actions de l’Union Nationale s’articule autour de trois objectifs majeurs correspondant aux trois *défis* que notre pays doit relever s’il veut sortir du sous-développement :

 I- La promotion d'une croissance économique réelle et durable pourvoyeuse d'emplois

II- La mise en place d'un système de formation performant, adapté aux réalités d'une entreprise et d'une administration modernes en valorisant l'effort et l'excellence

III- L’amélioration significative du bien-être de toutes les Gabonaises et de tous les Gabonais. 

Chacun de ces objectifs appelle des actions qui constituent des engagements qu’il serait fastidieux d’énumérer ici. Du point de vue de la méthode, les actions retenues sont rigoureusement *évaluées*, aussi bien du point de vue de leur faisabilité et de leur coût, que de leur financement et de leur durée d’exécution, selon un ordre des priorités qui va du court et moyen, au long terme, du prioritaire au secondaire, de l’indispensable au superflu.

Ce programme est consultable sur la page web et au siège de l’Union Nationale.

Prétendre, pour se dédouaner à peu de frais et se donner bonne conscience, que l’opposition n’a pas de projet alternatif pour le pays est, à la fois un mensonge, une fuite en avant, et une posture purement politicienne !

Emmanuel Ntoutoume Ndong, Vice-Président de l'Union Nationale

 

Article du 31 mai 2022 - 1:00am
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