Week-end électrique au Bénin et au Tchad.

Par Elzo MVOULA / 09 avr 2021 / 0 commentaire(s)
Les présidents Patrice Talon et Idriss Déby se présentent à des élections à hauts risques.

Si l’élection présidentielle de ce vendredi au Djibouti ne présente aucun risque de conflit, celles de dimanche au Tchad et au Bénin pourraient déboucher sur de violents troubles.

Au Bénin, la campagne électorale, qui prend fin ce jour, aura été marquée par des violences dans les principales villes du pays. En cause, la modification de la loi, qui a instauré le système des parrainages ayant permis au président Patrice Talon d’écarter ses opposants les plus redoutables, dont Ganiou Soglo. Hasard ou coup prémédité, le fils de l’ancien président Nicéphore Soglo a même été victime d’une tentative d’assassinat.

L’attitude du président Talon est d’autant plus surprenante qu’à son accession au pouvoir, en avril 2016, il avait fait solennellement la promesse de ne faire qu’un mandat. Mais au fil du temps, cet homme d’affaires vorace, habitué à avoir la haute main sur les secteurs économiques porteurs dans son pays, a taillé la loi à sa mesure. Pour qu’un parti politique puisse présenter des candidats aux élections législatives de 2019, il devait obtenir du ministère de l’Intérieur un certificat de conformité. Résultat : peu de partis de l’opposition ayant pu participer au scrutin, le président Talon s’est offert la majorité à l’Assemblée nationale. Ce qui lui a permis d’instaurer le système des parrainages.

La veille de la présidentielle au Bénin est également polluée par un débat juridique sur la date de la fin du mandat de Talon. Les opposants estiment que celui-ci a pris fin le 5 avril et que, de ce fait, le président doit quitter le pouvoir parce qu’il n’est plus légitime. Quant à la majorité, elle allègue la modification constitutionnelle intervenue entre-temps pour justifier le glissement.

Les conditions d’une contestation du scrutin de dimanche sont donc réunies. Il va de soi que les jours à venir, l’opposition va surfer sur le déficit de légitimité de Patrice Talon, qui, en l’absence d’un adversaire de taille, sera proclamé vainqueur. La contestation des législatives avait duré des semaines et provoqué des affrontements entre les militants de l’opposition et les forces de l’ordre. Les heurts autour du domicile de l’ancien président Thomas Boni Yayi, assigné à résidence, s’étaient soldés par des morts. Le président nigérian, Muhammadu Buhari, a tenté une médiation entre Talon et Boni Yayi, autrefois compagnons de lutte, mais la montagne a accouché d’une souris. Le Bénin retient son souffle.

Tout comme le Tchad, où le président Idriss Déby, au pouvoir depuis décembre 1990 à la faveur d’un coup d’Etat, brigue un sixième mandat, après s’être fait élever au rang de maréchal entre-temps. Là également, les principaux opposants, dont Saleh Kebzabo et Ngarlejy Yorongar, ne sont pas en lice. Ils contestent les conditions d’organisation du scrutin, jugées favorables au président-candidat. Idriss Déby se retrouve donc face à des poids légers de la scène politique. Le scrutin est alors sans suspens.

Toutefois, nul ne peut prédire avec exactitude l’issue des violentes manifestations dont la campagne électorale a été émaillée. Bien que certains aient été mis aux arrêts, des opposants se sont promis d’empêcher la tenue de l’élection. La surenchère verbale amène le pouvoir à qualifier les opposants de « groupes terroristes ».

Le régime d’Idriss Déby est l’objet de contestations permanentes par des groupes armés. En 2008, l’un d’eux, emmené par les frères Erdimi, est parvenu aux portes de N’Djaména, la capitale. Le président n’a eu la vie sauve que grâce à une intervention française. Le Tchad se trouve au centre d’une poudrière composée de la Libye, des deux Soudan et de la Centrafrique.

Situation tout à fait différente au Djibouti. Le président Ismaïl Omar Guelleh, après vingt-deux ans de pouvoir, affronte un illustre inconnu de la scène politique, qui se présente en indépendant. Les opposants ont refusé de prendre part à une élection qu’ils jugent jouée d’avance.

La crédibilité des élections demeure une préoccupation en Afrique.

 

Elzo  MVOULA

Article du 9 avril 2021 - 1:44pm
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