BGFIBank : la fin d’une banque « des riches-pilleurs » ?

Par Brandy MAMBOUNDOU / 23 nov 2021 / 0 commentaire(s)
Une honte pour l'Afrique.

Alors que rien ni personne ne connaît les suites des révélations de la désormais affaire « Congo Hold-up » qui met en lumière l’énorme scandale politico-financier des détournements du clan Kabila au détriment de l’Etat et du peuple Congolais, l’avenir de « la première banque d’Afrique centrale » s’écrit en pointillé.

 

Allons-y tout droit au bout ! A la racine, la formation du Groupe BGFI est viciée car dans chaque pays où cette banque commerciale s’installe, elle ouvre son capital aux hommes politiques en place ou à des membres de leurs familles qui en deviennent actionnaires donc copropriétaire. Souvent appelé la banque des présidents, le Groupe BGFI est contrôlé au Gabon par la famille Bongo, au Congo par la famille Sassou Nguesso et en RDC par la famille Kabila, etc.

Par effet d’entraînement, vu les liens capitalistiques incestueux qui existent entre cette banque privée et les présidents africains, très souvent les Banques du Groupe BGFIBank présentes dans plus de 12 pays africains exercent comme les intermédiaires financiers des régimes dictatoriaux en place.

Ainsi, grâce à l’importance de ses capitaux propres et aux pactes politico-financiers conclus entre les banques du Groupe BGFIBank et les classes politiques régnantes sur le continent noir – où les peuples croupissent dans la misère - les banques du Groupe BGFIBank réalisent de faramineux profits sur le dos des Etats africains.

Scandale financier appelé « Congo Hold-up »

De fait, le Groupe BGFIBank est régulièrement éclaboussé par des scandales politico-financiers de grande ampleur à l’image du récent scandale financier appelé « Congo Hold-up » dont l’enquête a été conduite par Mediapart et l’ONG Plateforme pour la protection des lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF), et partagés avec 19 médias et cinq ONG, coordonnés par le réseau European Investigative Collaborations (EIC).

Concernant le scandale « Congo Hold-up », il est reproché à la BGFIBank RDC de s’être associé avec la famille Kabila pour organiser le détournement des deniers publics et la fuite de ces capitaux vers des comptes bancaires on-shore et offshore.

L’enquête internationale « Congo Hold-up » a mis en lumière une multitude d’opérations financières douteuses entre l’Etat congolais, la BGFIBank et la famille Kabila pour un montant total de plusieurs dizaines de milliards Fcfa.

Au cœur d’un système de corruption et d’enrichissement illicite présumé, la BGFIBank RDC se serait rendue coupable de détournements de fonds du clan Kabila notamment ceux liés aux transferts de fonds opérés par les Nations-unies consécutivement à la présence des militaires congolais en Centrafrique.

De nombreux détournements des capitaux publics

En sus, l’enquête révèle également de nombreux détournements des capitaux publics notamment ceux dédiés à l’organisation des élections reportées, à l’acquisition d’équipement et la construction d’infrastructures jamais exécutées mais bien payées par les nombreux débits sur les comptes bancaires du Trésor public congolais.

En déroulant le tapis de l’enquête « Congo Hold-up », il est également constaté que la BGFIBank Congo a ouvert de nombreux comptes fantômes, une sorte de caisse noire, qui servaient à dépouiller les sociétés et établissements publics au profit du clan Kabila mais au détriment du peuple congolais.

En plus, l’enquête soupçonne que BGFIBank RDC, à travers un système de prêts douteux, participait à siphonner l’argent public au profit de la banque d’Henri-Claude Oyima et de celui du clan Kabila.

Le petit-frère adoptif de l’ex-président Laurent Désiré Kabila

Comment ne pas croire aux résultats de cette enquête quand il est avéré que le Directeur Général de BGFIBank RDC n’est autre que le petit-frère adoptif de l’ex-président Laurent Désiré Kabila dont la sœur, en tant que porteuse de part, détient 40% du capital de la BGFIBank RDC filiale de la holding BGFI dirigée depuis plus de 30 ans par l’inamovible Henri Claude Oyima.

Ici et là, il se dit que les résultats de cette enquête ne sont que la face immergée de ce Groupe bancaire qui a été souvent cité dans divers scandales financiers. Mais les organismes de contrôle bancaire sous-régionaux tels que la BEAC et la COBAC n’osent intervenir ; car les dirigeants de ces institutions de supervision bancaires sont nommés par les présidents africains dont certains sont actionnaires au capital des banques du Groupe BGFI. Du coup, Henri Claude Oyima et sa banque bénéficient encore de la protection de divers parapluies présidentiels qui assurent encore une sorte d’immunité au Groupe BGFIBank. Mais pour combien de temps ?

Manifestement, la mèche allumée à Congo-Kinshasha risque d’ouvrir la voie à d’autres révélations notamment au Gabon où se trouve la maison mère du Groupe BGFIbank et inéluctablement imploser l’empire Henri-Claude Oyima.

(Affaire à suivre)

Vichanie MAMBOUNDOU

 

Article du 23 novembre 2021 - 7:26pm
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