Gabon : Ali Bongo à l’heure du bilan de 14 ans de gouvernance

Par Brandy MAMBOUNDOU / 25 aoû 2023 / 0 commentaire(s)
Il a échoué aussi à pacifier la Nation.

Pour n’importe quel dépositaire d’un pouvoir électif, au terme d’un mandat, il est de notoriété que les résultats de la gouvernance soient présentés aux mandants. Il devrait en être ainsi pour le chef de l’Etat sortant, qui devrait se faire une obligation d’étaler au grand jour ses réalisations à l’Etat gabonais depuis 2009. Mais il a esquivé le passage en direct sur Gabon 1ère hier soir.

Une présentation exhaustive du bilan des quatorze ans du pouvoir des Émergents devrait être faite à la population gabonaise. La campagne en serait ainsi plus aisée pour ceux qui parcourent le pays profond, tendant à convaincre la population de l’utilité de ramener leur candidat sur le fauteuil présidentiel. Les Gabonais ne pourraient guère se contenter des slogans purement propagandistes ou des posters géants à la gloire d’un président sortant. Ce serait trop facile.

Pendant la campagne électorale de la présidentielle anticipée de 2009, le candidat Ali Bongo se présentait comme celui qui avait donné du lustre à l’armée gabonaise. Et ses partisans ne tarissaient guère d’éloges. Lorsque les uns vantaient les mérites du candidat en présentant l’Hôpital d’instruction des armées (l’hôpital militaire) comme une œuvre gigantesque, et que sa construction n’avait été possible que grâce à la promptitude d’Ali Bongo à vouloir le meilleur pour l’armée gabonaise et, partant, pour la population tout entière. D’autres montraient le Prytanée de Libreville comme la tâche herculéenne menée à son terme grâce à Ali Bongo.

Là s’arrêtaient les réalisations de dix ans passés à la tête du ministre de la Défense. Même si plusieurs personnes trouvaient que ce bilan n’était point aussi élogieux que le ministre et ses ouailles le prétendaient, la cause était tout de même défendable. Toutefois, disons-le avec certitude, s’il a réussi à faire toutes ses réalisations avec la perdition des fonds que cela impliquait, c’est uniquement par le fait du prince. En tant que fils du président

Depuis la fin du deuxième mandat de son accession à la magistrature suprême, commencé il y a quatorze ans, les Gabonais attendaient que le président sortant leur fasse un bilan avant de prétendre à un autre de cinq ans. L’attente est non seulement vaine, mais Ali Bongo semble ne pas comprendre que ses administrés puissent exiger de lui un bilan, alors que tout a été fait.

Envolées lyriques, en termes de promesses

Mais notre rédaction, qui n’est pas du tout oublieuse, se rappelle quelques envolées lyriques, en termes de promesses, de l’auteur de « Gabon émergent à l’orée de 2025 ». Inaugurant le tronçon de route Ndendé-Lébamba, le chef de l’Etat s’était vanté : « Nous avons réalisé en si peu de temps plus de routes que ceux qui étaient à la tête du Gabon depuis 1960 », oubliant qu’il s’agissait d’une véritable injure pour son père. Et si ce fait était à l’origine de la malédiction de son magistère ? Mais bon, passons !

La première et la plus grosse promesse d’Ali Bongo a été l’affaire de la construction de 5000 logements par an. Pour mémoire, lorsque le candidat Ali Bongo préparait ses fiches de campagne, un de ses conseillers de longue date, Guy Bertrand Mapangou, qui connaissait le besoin en logements de la population gabonaise, avait soufflé à ses oreilles de promettre 5000 logements par an aux électeurs. 

Outré par un si grossier mensonge, le concepteur de Plan stratégique Gabon émergent (PSGE), un certain… Ousmane Cissé, avait préféré repartir dans son Sénégal natal, au lieu d’assister à un si grossier mensonge. Même s’il devait revenir quelques années plus tard pour prendre la tête de Label TV, une télévision montée par son compatriote Mactar Sylla et se retrouver, par les bons soins du palais du bord de mer, au Fonds gabonais d’investissements stratégiques (FGIS), avant de penser à faire main basse sur la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG).

La conséquence de ce premier mensonge aurait été comme une malédiction. Toutes les promesses faites par Ali Bongo, après l’échec de la construction des logements, ont été des projets inachevés.

Il est donc inutile, à ce jour, de s’attendre à un bilan. D’autant que pendant sa supposée interview à « Jeune Afrique », le président de la République, à la question : « De toutes vos réalisations, de laquelle êtes-vous le plus fier aujourd’hui ? », c’était à peu près la question. La réponse a été immédiate : « Ma grande fierté est d’avoir pu faire entrer le Gabon au Commonwealth ».

Il vit dans le virtuel

A partir d’une telle déclaration, que faut-il demander encore en termes de bilan à quelqu’un qui vit dans le virtuel ? Car pour lui, le Commonwealth est une très vaste opération diplomatique, qui ferait entrer des milliards de devises en livres sterling au Gabon.

Donc, tenter l’exposition d’un bilan d’Ali Bongo à la tête du Gabon, ce n’est qu’une pure perte de temps. Car, ni l’aéroport d’Andem, ni l’autoroute la Transgabonaise, encore moins les universités à travers le pays, les barrages hydrauliques (FE2 à Mitzic et de l’Impératrice à Fougamou), la résorption du chômage, et tous les projets socio-économiques promis par Ali Bongo ne verront jamais le jour.

« Ali pour tous » ne sera, en définitive, que le seul bilan à présenter et à soutenir pour tenter un troisième mandat. En attendant d’autres promesses.

La Zone économique spéciale de Nkok est une fierté du Gabon à travers la planète. N’est-ce pas suffisant comme bilan ? C’est pour cela que c’est à partir de cette zone que le candidat du PDG est allé faire sa déclaration de candidature.

Elzo Mvoula 

Article du 25 août 2023 - 4:57pm
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