Gabon : Le PDG doit assumer ses choix à la mairie de Libreville.

Par Nicolas NDONG ESSONO / 07 juin 2021 / 0 commentaire(s)
Le PDG porte une part de responsabilité dans la mauvaise gestion de la plus grande ville du Gabon.

Un maire qui saute, cinq mois seulement après son élection, pour gestion financière peu orthodoxe, quand son prédécesseur est en détention préventive pour détournement de fonds, concussion et corruption, cela n’est pas de nature à donner une bonne image de la mairie de Libreville, la capitale politique du Gabon. Mais surtout, cette situation incline à s’interroger sur le sérieux que le Parti démocratique gabonais (PDG) met dans le choix de ses candidats à l’Hôtel de ville. Ce 17 juin, le successeur d’Eugène Mba pourrait être élu au cours d’une session extraordinaire du conseil municipal.

Eugène Mba a fini par remettre sa démission, à la suite de l’affaire des 338 millions de FCFA que devait toucher l’entreprise Jeta Groupe, retenue pour le curage des caniveaux dans les six arrondissements que compte Libreville. Il était également reproché à cet ancien banquier réputé rigoureux des recrutements excessifs et sur fond de népotisme. Mais une question demeure : l’édile a-t-il démissionné volontairement ou a-t-il été contraint de rendre l’écharpe ?

Le sort de son prédécesseur fut différent. Après un bref séjour au cachot du tristement célèbre B2 (services de la contre-ingérence) et un passage devant le procureur de la République, Léandre Nzué était placé sous mandat de dépôt pour détournement de fonds publics, concussion et corruption. Il en était à dix-neuf mois d’exercice. Depuis septembre 2020, il séjourne à la prison centrale de Libreville, en attendant le jugement.

Deux maires successifs qui tombent pour mauvaise gestion financière, c’est une situation inédite à l’Hôtel de ville de Libreville. Autre situation inédite, la capitale aura connu trois édiles au cours d’un même mandat. A moins que le successeur d’Eugène Mba ait lui aussi un accident de parcours avant fin 2023.

En même temps qu’éclataient les affaires d’Eugène Mba, une autre affaire refaisait surface. Il s’agit de la corruption à laquelle un autre maire de Libreville, Jean-François Ntoutoume Emane, se serait livré en son temps dans la passation du contrat de construction du grand matché de Libreville. L’infrastructure n’a jamais vu le jour et l’Hôtel de ville a obtenu d’un tribunal parisien la condamnation de l’entreprise adjudicataire à lui verser 30 000 euros, environ 20 millions de FCFA.

Bien que la responsabilité première des frasques incombe aux édiles, force est de reconnaître que le PDG, la formation politique qui les positionne, n’en sort pas indemne. Les scandales successifs donnent l’occasion au parti au pouvoir de revoir les critères de choix de ses candidats à la gestion de la plus grande municipalité du Gabon, la vitrine du pays.

Plus que l’assainissement d’une ville où les habitants, au demeurant manquant cruellement de civisme, se sont habitués à cohabiter avec des montagnes d’ordures, c’est l’assainissement des mœurs qui est attendu du prochain maire de Libreville. L’impression qui se dégage est que les dirigeants viennent pour se servir et non pour servir leurs concitoyens. La composition des cabinets pléthoriques et les recrutements sur des bases partisanes montrent que les priorités sont ailleurs que dans la recherche de l’efficacité. Qui gagnerait à ce que cette conception égoïste de la gestion de la chose publique demeure ?

L’élection du successeur d’Eugène Mba pourrait avoir lieu ce 17 juin, la gouverneure de l’Estuaire ayant convoqué une session extraordinaire du conseil municipal à cette date. Il se dit que le PDG a déjà choisi son candidat et que, étant ultra-majoritaire, le reste n’est qu’une formalité. Le PDG devrait sortir de la logique du clientélisme, qui consiste à privilégier un militant zélé ou « un militant de la première heure », pour le récompenser, au détriment de la compétence.

Et si le choix passait dorénavant par la présentation d’un projet solide et réaliste défendu devant un jury objectif ? Libreville, la capitale du Gabon, faut-il le rappeler, mérite un visage avenant digne de notre temps.

Brandy MAMBOUNDOU

Article du 7 juin 2021 - 12:24pm
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