Gabon: Pour Sosthène Engonga "les parcs nationaux sont en train de mourir à petit feu"

Par Brandy MAMBOUNDOU / 02 mar 2023 / 0 commentaire(s)

 

Au cours d'une interview accordée à la rédaction de Gabonclic.info en date du 02 Mars, sosthene Engonga, le secrétaire éxecutif du Syndicat national des Ecogardes du Gabon (Syneg) est longuement revenu sur le climat qui prévaut au sein de l'agence nationale des parcs nationaux (ANPN).

Gabonclic.info : A quelques jours du sommet sur le climat, le Syneg annonce une grève d’ici le 13 mars. Pourquoi maintenant ?

Sosthène Engonga : Vous avez tous observé que depuis un bon moment, il y a une forme d'accalmie au niveau de l'agence nationale des parcs nationaux. Elle était tout simplement due à l'engagement qu'avait pris à ce moment-là le syndicat des écogardes.

Depuis un an , nous avons mis en place une commission avec l'inspecteur spécial du travail, chargé du secteur forestier, le Directeur des Ressources humaines du ministère, le directeur des affaires financières, le représentant des du personnel et celui du syndicat que je suis. A l'issue des travaux, procès-verbal un proces verbal a été dressé et nous avons décidé d’observer un temps d'accalmie allant de mars 2022 à février 2023. La tutelle s'engageant de son côté à résoudre un bon nombre de problèmes, notamment ceux concernant les salaires, l'assurance maladie complémentaire, les cotisations à la Caisse nationale et de sécurité (Cnss), le statut de l’écogardes, l'audit et le physique du personnel. Un an plus tard, nous ne constatons une avancée que sur seulement deux chapitre celui des salaires et  celui de la Cnss. Les autres points ne semblent pas trouver de solutions. Au niveau des syndicats, nous disons que le salaire est un droit, pas une avancée. C'est comme si on allait à un guichet automatique pour faire sortir de l'argent. Ils n'ont rien fait de spécial. Avant, on était payé régulièrement. Au niveau de la Cnss, effectivement, ils ont dû payer de 2013 à 2020 voilà donc l'état qui a payé de 2013 à 2020. Et c’est l’Etat qui a payé. Nous attendons les autres points de revendications. D’où notre préavis de grève.

Ces dernières années, avec le réchauffement climatique, les éboulements et bien d’autres maux sont au menu des sommets ici et là. Pourquoi autant de négligence des personnes qui sont au cœur même de la lutte au Gabon ?

Effectivement, cette question, nous nous la posons au niveau du syndicat. Nous ne comprenons pas pourquoi il y a autant de négligence pour des personnes qui sont censées veiller à l’environnement. Je crois que vous devez renvoyer la question aux autorités. Pourquoi ils négligent les gens qui sont les piliers qui sont la cheville ouvrière de ce qui se passe en ce moment, notamment le « One Forest Summit ?». Des piliers, ce qui se passe là, sont maltraités. Je crois que vous devez retourner la question aux autorités pour savoir pourquoi ça. Parce que nous-mêmes nous ne le comprenons pas. Nous ne comprenons pas que les écogardes qui, sur le plan environnemental, font la fierté du pays et qu'aujourd'hui laissés pour compte. Il n’est pas normal que les écogardes se retrouvent avec les salaires minables. Nous ne comprenons pas cela. C'est tout un paradoxe. C'est véritablement tout un paradoxe. Je crois qu'on devrait envoyer la question aux autorités pour qu’ils vous expliquent pourquoi tant de mépris envers les écogardes.

Votre mot de fin

Comme mot de fin, je vais dire que c'est regrettable. C'est regrettable qu'aujourd'hui, les parcs nationaux sont en train de mourir à petit feu. Parce que je me souviens, il y a 10 ans, les parcs nationaux étaient nettement mieux qu'actuellement. C'est vraiment un paradoxe. Comment, 10 ans avant, ça allait mieux et 10 ans plus tard, ça ne va plus. Or logiquement, on devrait vivre le contraire. Et puis nous trouvons que c'est absolument un paradoxe. Pour moi, c'est simplement dû à une mauvaise gestion des autorités. Je parle de ceux qui sont à la tête de l'Agence nationale des parcs du Gabon depuis plus de 10 ans. C'est à cause d’une mauvaise gestion. Des gens ont géré l’agence comme une épicerie de quartier. Aujourd’hui, il y a des parcs qui ne fonctionnent plus parce que n'ayant plus de budget de fonctionnement, n'ayant plus de moyens pour payer les écogardes pour les missions. Donc aujourd'hui, j'ai peur, je crains pour l'avenir des parcs nationaux. Je trouve qu'ils sont en train de mourir. Des mois passent, plusieurs mois passent sans qu'il y ait des missions de patrouilles dans les différents parcs. Et c'est vraiment regrettable. Voilà pourquoi nous attirons l'attention. Nous voulons attirer l'attention des plus hautes autorités du pays pour jeter un regard dans cette maison. Qui, à mon sens, est véritablement en train de mourir. C'était ça mon mot de fin. Je vous remercie.

Vichanie Mamboundou

Article du 2 mars 2023 - 2:56pm
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