La dernière phrase

Par Brandy MAMBOUNDOU / 12 jan 2022 / 0 commentaire(s)

Les mélomanes se souviendront toujours du "dernier coup de sifflet", un titre de Papa Wemba, de "la dernière séquence" un titre d'Eddy Mitchell, tout comme la veille de l'actualité sociopolitique au Gabon se souviendra de la dernière phrase de Raymond Ndong Sima dans son propos au sortir d'un séjour à l'hôpital militaire de Libreville.

Celui qui a toujours été considéré comme un homme impulsif ne l'est peut-être pas du tout, il pourrait malheureusement souffrir de l'inconvénient de n'être que lui-même dans une posture virile de ne savoir et ne pouvoir dire que la vérité. 

Or, dans une société où la personne qui partage votre intimité en tout et pour tout, càd, celle à qui vous confiez les clés de votre vie, est celle qui n'hésitera pas à aller ouvrir votre coffre rouillé dans les bras tendus d'un pasteur, d'un prêtre ou d'un pompier assurant le secours catholique.

De nombreux hommes ont ainsi entendu des femmes mariées des choses du genre :
"mon mari est court, petit et faible, ça ne donne même pas envie "

Est-ce que l'infidélité ne peut pas se consommer la bouche fermée ?
Est-ce lui qui t'a envoyée là-bas ?
Tu fais quoi chez lui avec une grosse bague au doigt depuis tant d'années ?
Akaaaaaa !

Au travail, le collaborateur que vous choyez en militant pour sa promotion est le même qui pense qu'il ne serait mieux qu'à votre place. Il rapporte tout contre vous en haut lieu.
L'assistante qui vous sert le petit café et qui vous tient même compagnie au petit coin est la même qui vous scanne tous les jours en envoyant les fichiers partout où besoin sera.
Dans les complots de vie ou de mort, vous serez surpris de voir celui qui passait pour un ami tirer sur vous.

Ces petits cas illustrés pouvant remplir un cargo témoignent simplement de l'hypocrisie. Une attitude satanique qui sait couver la haine, la jalousie, la méchanceté, la fourberie... le mal en un mot dans un cocon d'amour parfois très prononcé. 
Or, l'humiliation et la mort ne tiennent qu'à un fil de fibre de roseau. 

Ainsi en dehors des missions commandées dont a été victime Alexei Nalvany un activiste russe, on ne se fait généralement empoisonner que par des proches dont la femme et les amis. Soit, des gens qui vous couvrent de tendresse, de miel et de sucre.

Au Gabon, l'hypocrisie est structurellement ancrée dans certaines cultures de manière globale au point de susciter la méfiance sachant prévoir la fin en toute chose. Et, chez certaines personnes prises individuellement.
Aussi, nombreux sont ceux qui ont vu leurs carrières vieillir sans décoller alors qu'ils pensaient avoir un ou des amis, des gens avec lesquels on boit ensemble, on se fréquente, mais qui malheureusement sont toujours prêts à faire descendre un chimpanzé de son arbre pour lui confier les responsabilités dont on est convaincu d'avoir la bonne maîtrise. 
Ainsi, dans un élan de bon vouloir organisé, les mêmes se retrouvent à avoir tout partout.

Malheureusement, quand dans un élan contraire de dénonciation du mauvais partage quelqu'un ose se gonfler les couilles et dire que ce n'est pas bien, la paix sociale peut curieusement se retrouver menacée comme si l'abondance des chômeurs par exemple n'était pas un risque social en termes de troubles.

Dans cette ambiance, il va sans dire et à l'heure actuelle que le peuple aura absolument besoin des gens capables de dire la vérité calmement, sans invectives.
Alors, quand comme Ndong Sima on dit que 2023 ne sera pas 2016, il est absolument clair que ça fait danser dans tous les mapanes dans un élan d'espoir renaissant, à la seule condition de ne plus avoir à attendre infiniment un plan B probablement tombé dans une lagune.
On attend l'enfant.

 Corneille OLLOMO EKOGA

Article du 12 janvier 2022 - 7:19pm
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