Mali : La présidente des femmes du GATIA appelle les autorités de la transition à la vigilance
Mme Maiga Hadeye Maiga, présidente des femmes du Groupe Autodéfense Touareg Imghad et Alliés (GATIA) et présidente nationale de la plateforme, est une femme battante, engagée depuis 2015 auprès de la société civile pour promouvoir la cohésion sociale et la mise en œuvre de l’accord de paix issu du processus d’Alger. Elle a bien voulu accepter de s’entretenir avec Gabonclic.info sur la situation sécuritaire à Ménaka et dans l’ensemble du Mali.
Gabonclic.info : Quelle est la situation sécuritire actuelle à Menaka ?
Mme Maiga Hadeye Maiga : La situation actuelle à Ménaka est très grave. C’est la panique totale. C’est le désespoir, mais on n’a pas le choix, parce que la crise a trop duré. Les occupants ont eu beaucoup de temps de s’organiser d’avoir duterrain.
Que répondriez-vous aux gens qui ne croient pas à ce qui se passe dans la ville de Ménaka ?
Les gens qui ne croient pas à la situation de Ménaka, je souhaite qu’ils reviennent à des meilleurs sentiments. Je pense que c’est l’union qui fait la force. On sait que tous les problèmes du Mali commencent par Ménaka. Toutes les rebellions commencent à Ménaka. Quand Ménaka tombe, Bamako va tomber, c’est sûr et certain. Ils doivent avoir une pensée pour Ménaka. Il faut qu’ils sachent que rien ne va à Ménaka. Il faut qu’ils partagent les problèmes de Ménaka avec les Ménakois.
Quelle est l'importance de l’implication des femmes dans le processus de Démobilisation, Désarmement et Réinsertion (DDR) ?
L’implication des femmes est très importante, parce qu’on ne peut pas faire la paix sans la femme. Personne ne peut faire la paix sans elle, car la famille même c’est la femme. Donc, comment peut-on faire la paix sans la femme, c’est impossible. Le processus du DDR, c’est nous, les femmes. C’est nous qui coordonnons, nous faisons peur à nos maris. Nous avons toujours posé une question qui est restée sans réponse, c’est de savoir où sont passés les armements lourds que possédaient les occupants. Le pays a été occupé en deux, les gens qui ont occupé ce pays-là, l’ont maté avec des grands engins de guerre. Ils n’ont pas fait la guerre avec deskalachnikovs, ni avec des carabines chinoises. Nous voulonsla position actuelle de ces armements de guerre. Si on ne connaît pas cette position, chaque année on aura une rébellion. Les familles sont vides, il n’y a plus personne, on ne veut pas que cela continue. C’est pour cela que nous voulons que soyons impliquées dans le processus de DDR. C’est vrai que nous sommes membres du suivi de l’Accord, mais nousvoulons qu’on nous implique réellement dans le processus. Nous voulons une réponse sur la question des armements.Parce que c’est avec ces armements qu’ils ont détruit ce pays. Quelle décision a été prise pour récupérer les armes lourdes avec les ennemis ? Pourquoi ne pas désarmer ces gens pour que les choses ne se répètent plus ? Si on ne récupère que les armes légères et laisser les armeslourdes, qui tuent plus de mille personnes en moins d’une minute, donc le désarmement a échoué. Pour nous, tant que nous ne voyons pas ces armes lourdes, le processus de DDR n’a pas de sens.
Quel appel avez-vous à lancer à l’endroit des autorités actuelles dans la lutte contre le terrorisme au Mali ?
L’appel que j’ai à lancer aux autorités, c’est la vigilance. Ils sont là pour le peuple, c’est la lutte du peuple qui les a amenées. Les autorités actuelles ne sont pas là par leur bravoure, mais c’est le peuple qui est sorti pour qu’ils soient là. Donc, ils doivent écouter le peuple. Il ne faut pas que d’autres viennent les distraire pour les mettre dos à dos. Qu’ils ne se hasardent pas à aller collaborer avec le diable, avec les gens qui ont déjà mis le pays dans les difficultés, surtout certains politiciens qui ont dirigé ce pays. Avec l’avènement de la démocratie, ils ont désarmé l’armée. Sinon, il n’y avait pas une armée en Afrique qui était plus puissante que la nôtre, mais la démocratie a détruit l’armée malienne. Aujourd’hui, les hommes qui sont au pouvoir, ont dit qu’ils sont venus parachever la lutte du peuple. Alors il faut qu’ils regardent devant eux, c’est le peuple qui est souverain. Il faut qu’ils revoient leur manière de travailler. Il y a les gens qui, avec la bouche, disent qu'ils sont avec vous, alors qu’ils ne le sont pas au fond du cœur. Je commence à avoir trop peur. Je n’arrive plus à dormir. Je suis très inquiète par rapport à la situation actuelle du Mali. On sait qu’on a déjà renvoyé la France. Dans ce cas, il faudra prendre toutes les dispositions, parce que la France ne part pas les mains vides. Elle ne va jamais quitter sans créer le désordre. La France va chercher par tous les moyens à diviser les Maliens. Je crois qu'on a assez entendules discours. Maintenant, il faut laisser la place aux actes et aux faits.
Propos recueillis par Hamadoun Alphagalo
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