C’est par une communication gouvernementale livrée par son porte-parole, Yves Fernand Mamfoumbi, que l’annonce a été faite : Fidèle Angoue Mba, directeur général de la Marine marchande, a été suspendu de ses fonctions. 

C’est désormais une évidence dans les administrations publiques gabonaises : le clientélisme comme seule norme de recrutement. Si depuis plus d’une décennie les catastrophes se suivent au Gabon, les causes sont à rechercher dans la faillibilité des hommes commis à des postes de responsabilité. Le renouvellement de la classe politique et de l’administration peut être pointé du doigt dans tous les enchaînements de calamités ce qui arrivent à notre pays.

« On ne fait pas du neuf avec du vieux ». Cette maxime aura pour conséquence de mettre de côté des femmes et des hommes d’expérience, par ce qu’ils seraient d’une autre époque, au profit d’un groupe de copains et coquins, dont la plupart arrivent aux affaires sans aucun bagage intellectuel ou une expérience avérée. Le fait de baragouiner quelques mots anglais, suffit, pour beaucoup de cadres de cette nouvelle élite, pour être propulsé à la tête d’une administration, même celles-ci requièrent une certaine technicité ou un minimum d’expérience. C’est ainsi que certains disc-jokers bien connus dans nos discothèques sont aujourd’hui nommés à des postes qui exigent un doigté et une once de diplomatie.

Le naufrage du navire Esther Miracle, vient rappeler la douloureuse évidence d’une administration rabaissée. Si l’on peut considérer, à juste titre, que la direction générale de la Marine marchande a failli dans la gestion de ses services, il est aussi évident que la personne nommée au poste de premier responsable de ce pan important de l’administration maritime du pays n’a point respecté le profil nécessaire à la fonction. Quelles sont les qualifications de Fidèle Angoué Mba ? A-t-il une certaine connaissance de l’administration maritime ? On en douterait. Il en est ainsi aussi pour tous ses adjoints qui ont le même sort que lui. Et il en est de même pour ceux qui gèrent aujourd’hui le chemin de fer Transgabonais et d’autres administrations.

Certes on pourrait penser que les directeurs généraux nommés à des postes techniques s’entourent de techniciens dans le domaine, mais la réalité est toute autre. Nous sommes bien en Afrique et précisément au Gabon où le « patron » jugerait comme un délit de lèse-majesté quiconque oserait contredire ses décisions, même si celles-ci vont à l’encontre du bon sens. Les conseillers et autres techniciens ne sont finalement que des faire-valoir, impossible pour eux de remplir consciencieusement leur devoir.

Il est donc présentement inutile de jeter le bébé avec l’eau du bain. Le gouvernement gagnerait à reconsidérer les conditions de recrutement des responsables de l’administration centrale. Sinon, la série de catastrophes devrait se poursuivre. Et c’est la population gabonaise qui est constamment en péril.

Vichanie Mamboundou