Education/ Interview du délégué général de la CONASYSED Louis Patrick Mombo : « La Conasysed dit non à la vaccination obligatoire »
Gabonclic.info : Qu’est-ce qui justifiait l’assemblée générale du 27 septembre dernier, date fixée par le gouvernement pour la rentrée des classes ?
Louis Patrick Mombo : la décision de tenir cette assemblée générale est une simple tradition de la CONASYSED (Convention nationale des syndicats du secteur éducation, Ndlr) de marquer chaque année sa rentrée syndicale par la convocation de la base de notre centrale pour, d’une part, dresser le bilan de l’exécution de notre cahier de revendications et, de l’autre, se déterminer sur la conduite à tenir par rapport au déroulement de la nouvelle année scolaire.
Il faut, par ailleurs, relever qu’en août dernier, une lettre ouverte avait été adressée aux enseignants, afin qu’ils mettent à profit ce temps de vacances scolaires pour la réflexion, au regard de la déshumanisation, la maltraitance, la précarisation dont sont victimes les enseignants. Ils devaient également apprécier l’attitude du gouvernement face à leurs attentes légitimes. Ainsi donc, le 27 septembre 2021, date de cette assemblée générale, marque le rendez-vous pris avec les enseignants pour décider de la couleur à donner à cette année scolaire 2021-2022.
N’est-ce pas là une forme de boycott de la rentrée scolaire ?
D’aucuns pourront voir en cela un boycott. Pour la CONASYSED, il s’agit de rappeler au gouvernement ses obligations vis-à-vis des enseignants, acteurs majeurs pour l’effectivité d’une rentrée scolaire. Si, pour le gouvernement, il s’agit d’une rentrée scolaire pour se donner bonne conscience, pour la CONASYSED, cette date ne trouve pas l’assentiment des enseignants, d’autant que nous avons averti le gouvernement que le respect de cette date du 27 septembre 2021 était conditionné à la résolution urgente de certains points de nos revendications.
Comme à l’accoutumée, le gouvernement a préféré le mépris, la condescendance à la négociation.
Quel bilan faites-vous de l’exécution de votre cahier de revendications par le gouvernement ?
1 an et 8 mois après le dépôt de notre cahier de revendications sur la table du gouvernement, celui-ci n’a, jusqu’à ce jour, donné aucune réponse satisfaisante aux préoccupations des enseignants, nonobstant la réhabilitation de la CONASYSED et quelques recrutements des promotions sorties des écoles. Ce qui demeure, pour nous, insuffisant, voire quasi-nul.
Nous restons donc en attente de la résolution des points suivants :
- La régularisation des situations administratives ;
- L’organisation des concours internes de l’ENI et l’ENS ;
- Le paiement des rappels soldes ;
- L’octroi de la prime Covid ;
- L’arrimage de la pension retraite au Nouveau système de rémunération ;
- La construction des établissements scolaires.
Le gouvernement ne cesse de brandir la menace de la vaccination obligatoire dans l’administration gabonaise, avec un calendrier déjà élaboré et publié. Qu’en pense la CONASYSED ?
Nous constatons, pour le déplorer, une inconstance et incohérence au niveau de la communication gouvernementale en rapport avec le discours du président de la République, lequel disait que la vaccination n’est pas obligatoire, mais relève d’un consentement éclairé et libre. Aujourd’hui, force est de constater que les notes de service font injonction de la présentation de la carte vaccinale pour avoir accès à différentes administrations.
Cependant, sur la foi de la disposition de l’article 7 du Pacte International relatif aux droits civil et politique, qui stipule : « Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. En particulier, il est interdit de soumettre une personne sans son libre consentement à une expérience médicale ou scientifique », la CONASYSED dit NON à la vaccination obligatoire.
Aujourd’hui, tout le monde s’accorde à reconnaître une baisse de niveau des apprenants. Cette réalité ne serait-elle pas imputable aux grèves à répétition des enseignants ? Peut-on reprocher à la CONASYSED d’en être partiellement responsable ?
Nous pouvons admettre que, vraisemblablement, ces grèves ont un impact négatif certain sur notre système éducatif. Toutefois, la CONASYSED pointe du doigt le gouvernement, unique responsable de la décrépitude de l’école gabonaise, de la baisse de niveau, étant donné qu’il se refuse de promouvoir un travail décent, d’améliorer les conditions de vie et de travail des travailleurs en général, et des enseignants en particulier.
Comment expliquez-vous le mutisme du gouvernement face à toutes vos revendications ?
C’est l’absence d’une réelle volonté politique à bâtir une école gabonaise de qualité, tant par la qualité des hommes que des infrastructures. Pour nos gouvernants, la formation du capital humain gabonais n’est pas une priorité. Bien au contraire, tout semble porter à croire à une planification insidieuse de la mort de l’école gabonaise.
Quel message adressez-vous aux enseignants ?
Nous exhortons les enseignants à se mobiliser davantage car, seule cette mobilisation peut amener le gouvernement à satisfaire nos revendications.
Propos recueillis par Elzo Mvoula
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