Gabon : Étincelles idéologiques au RHM
Les deux dernières sorties de Serge Maurice Mabiala, deuxième tête du Rassemblement Héritage et Modernité, bousculent le parti au pouvoir au point de mettre à mal Michel Menga, ministre d’un gouvernement qui appartient au PDG. Les deux risquent d’emprunter les voies divergentes.
Les mauvais points qu’un homme politique distribue peuvent résonner comme des coups de poing susceptibles de désarçonner un rival. Lors de l’élection du maire de la commune de Mouila, le samedi 14 mai dernier, qui s’était soldée par la victoire du candidat du PDG au détriment de celui du RHM, Serge Maurice Mabiala n’avait pas gardé sa langue dans la poche. Mauvais perdant mécontent de son sort, il avait dégainé pour dénoncer la fraude ayant prévalu lors de cette élection : « A notre entendement, le scrutin du samedi 14 mai 2022 destiné à élire le maire et le président du Conseil municipal de Mouila n’est qu’une grossière chienlit qui n’honore pas la démocratie particulièrement chahutée dans notre pays ». Et d’un (direct) !
Une droite et un uppercut, après un direct
Puis de deux (une droite) ! Dans une récente rencontre avec l’hebdomadaire Le Mbandja, le député de Mouila ne décolère pas, criblant le PDG de toutes les munitions verbales dont il a la rhétorique. Morceaux choisis : « Comment voulez-vous faire 900 kilomètres de route jusqu’à Franceville alors que vous n’êtes pas capables de faire 80 km jusqu’à Kango ou 70 km pour aller jusqu’à Cocobeach ? Depuis 60 ans, il n’y a pas de route pour desservir Cocobeach ». « Le PDG est un univers de mensonge et de profitosituationnistes. Voilà pourquoi je suis parti ». « J’ai démissionné du Parti démocratique gabonais parce que c’est une secte, la plus grande Eglise éveillée du pays. Avec tous les escrocs qu’on peut trouver là-dedans. Quand on est en responsabilité, avec les ressources qui sont les nôtres, on n’arrive pas à ce résultat ». Des escrocs ? Ils seraient jusqu’au gouvernement alors !
Que peut-on attendre du PDG quand, en dépit de ses avantages politiques et administratifs, il ne transforme pas le Gabon ? « Il y a 143 sièges à l’Assemblée nationale, dont 130 sièges qui sont tenus par le PDG et ses alliés. Mais comment le PDG, avec 130 députés, 63 sénateurs, 48 communes totalement sous son contrôle, 67 conseils départementaux, reste-t-il incapable de résoudre les problèmes des Gabonais ? », assène le pugiliste avec ce troisième coup ravageur en guise d’uppercut. On se doute qu’autant d’attaques contre le PDG, le parti dont est allié Michel Menga, président du RPM, ne feront pas plaisir à ce dernier, d’autant plus que Mabiala évoque la situation ubuesque de la route de Cocobeach.
Michel Menga, ministre de la Décentralisation, de la Cohésion et du Développement des territoires, dans un gouvernement appartenant au PDG, s’en trouve au plus mal par rapport à ces critiques de son numéro 2 du parti. Comment compte-t-il éteindre le feu follet de Mouila qui jure ne plus rien concéder au PDG, alors que son président est en amitié idéologique et gouvernementale avec le même PDG ? La nuit des longs couteaux a commencé au RPM !
Allô, allô… Barro Chambrier, regardez-vous ce spectacle !
Elzo Mvoula
Nombre de Commentaires (0)
Faites un commentaire !