Gabon : Le porte-parole de la présidence de la République échappera-t-il à des poursuites judiciaires ?
Pour moins que les accusations qui ont été portées publiquement contre lui, Jessye Ella Ekogha, le businessman de la présidence sait que beaucoup se sont retrouvés à Sans Famille. Le protégé autoproclamé de la Première Dame, au nom de l’égalité de la loi, est un homme en sursis, aujourd’hui ou demain.
Alors que les procès des lieutenants de Brice Laccruche Alihanga battent leur plein, avec les lots des révélations distillées ici et là, un homme, parmi tant d’autres, ne devrait plus dormir du sommeil du juste. Il s’agit de Jessye Ella Ekogha. Ce personnage, haut en couleur, est l’actuel tout-puissant porte-parole de la présidence de la République ; et surtout, il a été des années durant, pour le pire surtout,l’interface entre « ceux qui sont jugés aujourd’hui » et la fondation Sylvia Bongo Ondimba, désormais engluée dans les soubresauts des révélations fracassantes.
Justement, à ce dernier titre, le communicant de la FSBO patauge dans une situation compromettante à court, long et moyen terme. Pourquoi ? Devant Dieu et devant les Hommes, Christian Patrichi Tanasa Mbadinga a révélé, lors de son procès (qui s’est tenu du 18 au 20 juillet 2020), ceci : « j’ai décaissé deux fois 650 millions de Fcfa en liquide pour la fondation Sylvia Bongo Ondimba. C’est Jessye Ella Ekogha qui venait chercher l’argent ». En réaction à cette très grave accusation, la FSBO a dit n’avoir reçu que « deux fois 5 millions de Fcfa ; soit 10 millions de Fcfa ». Dès lors, on est en droit de se demander où est passé le reste des fonds que « l’ex-chargé de la communication » de cette fondation a perçu des mains de l’ex-ADG de la GOC ?
Du coup, rien n’empêche de déduire que Jessye Ella Ekogha, jouant à fond du trafic d’influence, s’est manifestement servi dans plusieurs entités para-étatiques au nom de la FSBO. D’autant plus qu’aujourd’hui, ne jouons pas avec les mots, aucun ministre, aucun Dg ne peut refuser « un service » à un envoyé « de la Première Dame ». S’y risquer revient àaccepter, au mieux, de se faire limoger, au pire de se retrouver en prison pour « refus d’obtempérer à une injonction présidentielle ».
Pis, Ike Ngouoni Aila Oyouomi, l’ex-porte-parole de la présidence de la République a affirmé, lors de son procès, avoir géré pour la communication présidentielle, entre 150 et 350 millions de Fcfa par mois ; en plus de percevoir un salaire mensuel de 25 millions Fcfa ; d’avoir été cadeauté d’une somptueuse villa de 600 millions de Fcfa. Autant d’avantages, au regard de la gabegie en cours autour d’Ali Bongo, qui n’ont probablement pas disparu avec l’emprisonnement de l’ancien occupant du poste. Naïvement, on pourrait être tenté de dire que Jessye Ella Ekogha bénéficie toujours de ces privilèges. Les nombreux investissements que la clameur populaire lui attribue à Bitam et à Libreville parlent pour lui. Ce n’est pas tout. Certaines indiscrétions disent que le porte-parole de la présidence de la République serait bénéficiaire de « plusieurs mandats de trésorerie » au Trésor public.
Alors, en toute honnêteté, Jessye Ella Ekogha dépense l’argent destiné à la communication présidentielle pour quoi faire ? Et jusqu’où s’arrêtent ses attributions qui semblent ne pas avoir de limites ? Dans tous les cas, peu importe l’angle d’observation, l’actuel porte-parole de la présidence de la République devra, tôt ou tard, rendre des comptes. Il peut continuer à se pavaner avec son sourire enjôleur, mais il a conscience d’être un prisonnier qui s’ignore. S’il en doute, l’avenir saura lui redonner le sens du réel et des responsabilités.
Elzo Mvoula
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