Maintien de la paix en Centrafrique: Un soldat gabonais tué à Bangui

Par Elzo MVOULA / 28 fév 2021 / 1 commentaire(s)
Le soldat gabonais tué en Centrafrique

Qu’est-ce que le Gabon gagne à envoyer ses soldats mourir à Bangui ? Quels bénéfices pour les Gabonais ? Franck Mboundou, fusilier de la Marine gabonaise, a été tué le 18 janvier dernier à 750 km de Bangui alors qu’il était dans une mission de maintien de la paix auprès de la Minusca.

La République centrafricaine (RCA) enregistre une nouvelle victime gabonaise. La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en République centrafricaine a diffusé un communiqué pour annoncer la mort de notre compatriote Franck Mboundou, tué par des groupes armés, notamment le groupe UPC et les anti-Balaka que la communauté internationale soupçonne d’être proches de l’ancien président François Bozizé. La Minusca a été créée le 10 avril 2014 par la résolution 2149 du Conseil de sécurité des Nations unies pour stabiliser la RCA et y maintenir la paix.

Force est pourtant de constater que la Minusca, qui a commencé en 2014, n’a pas réussi, après plus de six ans, à stabiliser le pays. De quoi douter de la capacité des Nations unies à pacifier la RCA. Alors, que Mankeur Ndiaye, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en RCA et chef de la Minusca, trouve « lâche » l’attaque menée par des hommes armés qui ont tué Franck Mboundou ne change rien au fait : un Gabonais est mort en mission de paix dans un pays ami sans que les citoyens de ce pays ne connaissent la paix. Faut-il rappeler que le président fraîchement réélu, Faustin-Archange Touadéra, n’a pas été élu par l’ensemble des Centrafricains ?

En effet, une bonne partie du territoire, les trois quarts, est contrôlée par des groupes armés et l’Etat central n’a pas accès à ces territoires. Conséquence, la légitimité du président Touadéra est logiquement contestée parce que l’autorité de l’Etat ne s’exerce pas dans tout le pays. Ce n’est pas le premier soldat gabonais qui perd sa vie en RCA. L’adjudant chef-major Alain Obiang Nguema, par exemple, y a aussi trouvé la mort le 2 octobre 2018. La liste n’est pas exhaustive.

Mais le Gabon est membre d’organisations supranationales d’intégration, où la solidarité est de mise. C’est dans ce sens qu’il envoie régulièrement des contingents en RCA, pays en proie à des rébellions armées depuis la seconde moitié des années 1990, qui ont renversé le régime d’Ange Félix Patassé en 2003 et celui de François Bozizé en 2013. A plusieurs reprises, il est revenu à des officiers supérieurs gabonais de diriger les forces de maintien de la paix en RCA. Le cas du général Augustin Mombo Moukagni, qui y trouva la mort. Le Gabon s’implique également dans les guerres contre le terrorisme et les pirateries maritimes, où les Etats sont obligés d’intervenir pour en éviter la propagation. Pour autant, le régime gabonais devrait rendre des comptes à l’opinion nationale, plutôt que de se contenter de décerner des médailles à des soldats ayant perdu la vie en terrain de guerre. Les primes et autres bonus financiers ne remplaceront ni un père ni un époux.

 

Elzo MVOULA

Article du 28 février 2021 - 2:52pm
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