Elles ont, des heures durant, battu le bitume pour manifester leur mécontentement. Non sans égrener la nature des violences dont elles sont victimes au quotidien. Une manière d’implorer leurs bourreaux à mettre fin à cette situation inhumaine. Seront-elles entendues ?

Les femmes du Mali ont organisé, le vendredi 3 juin 2022, une marche silencieuse à Bamako. L'objectif de cette manifestation était d'attirer l'attention de l'opinion nationale et internationale sur les cas d'assassinats monstrueux et d'autres formes de violences perpétrées sur les femmes, les filles et même sur les enfants à bas âge. La procession est partie du monument de la paix au ministère de la Justice, sise à la cité administrative à Bamako. « Nous, femmes du Mali, disons que trop c'est trop », ont-elles scandé. Les femmes du Mali veulent ainsi dénoncer les cas de violence allant des coups et blessures aux assassinats. Des viols sont parfois commis sur des fillettes de moins de 5 ans. Et ces cas deviennent récurrents à Bamako et dans d’autres localités.

Pour ces manifestantes, les silences individuels conduisent aux silences collectifs qui finissent par faire de nombreuses victimes. L'injustice et l'impunité ont pignon sur rue dans le Mali actuel, qui a l'allure d'une zone de non-droit.

Sur les pancartes brandies, on a pu lire « A qui le tour ? toi, moi ou elle ? Stop Violences. Halte aux viols d’enfants. Porter un pantalon ne fait de moi un homme. L'homme c'est celui qui sait se retenir avec dignité et responsabilité lorsqu'il est en colère. Mon corps n'est pas un tam-tam. Non à la culture du viol. » Où sont passées les valeurs culturelles de protection des femmes, des filles, mères, tantes, sœurs, grand-mères, dans le Mali de Kala Diata ? Une interrogation à laquelle les femmes ont tenté de répondre à travers cette mobilisation dans la ville des trois Caïmans (Bamako).

Les manifestantes ont été reçues au ministère de la Justice, dans l'enceinte de la Cité administrative, par le Garde des Sceaux et des droits de l'Homme, M. Mamadou Kassogué qui avait à ses côtés ses homologues de l'Education Nationale, Madame Sidibé Dédéou Ousmane et de la Promotion de la Femme, Madame Wadidié Founé Coulibaly.

Dans leur mémorandum, un véritable cri du cœur, les femmes du Mali ont sollicité le soutien et l'accompagnement des autorités pour expulser ce fléau hors du pays. « Cet évènement qui nous interpelle et la marche du 03 juin 2022 ne peut avoir son effet escompté sans la pleine implication et le concours de tous dans cette action », a laissé entendre la Porte-parole, l'ancienne ministre, Madame Maiga Sina Damba, aux membres du gouvernement. « Ensemble sauvons le Mali des violences horribles et insensées sur les femmes, les filles et les enfants. Nous osons compter sur votre indéfectible soutien aux Femmes du Mali », a-t-elle conclu.

Hamadoun Alphagalo (De notre correspondant permanent au Mali)