Violences contre les syndicalistes : le mutisme inquiétant du régime au pouvoir

Par Nicolas NDONG ESSONO / 15 fév 2022 / 0 commentaire(s)
Les syndicalistes de Sogatra passent de mauvais moments.

L’exercice du syndicalisme au Gabon serait-il devenu une activité à haut risque ? Tout porte à le croire aujourd’hui, au regard de l’insécurité qui règne autour des leaders syndicaux qui subissent des actes d’intimidation divers, allant jusqu’à des enlèvements, des séquestrations et même des tortures. Tout cela au vu et au su des autorités…

Vendredi dernier, sur le site de la SOGATRA, à en croire le président de la Confédération syndicale ‘’Dynamique unitaire’’ (DU), Jean Rémy Yama, lui-même maintes fois victimes de ces pratiques décriées, cinq leaders de syndicats affiliés à DU auraient été interpellés par des personnes en civil s’étant présentées comme des agents de la Direction générale de la Contre-ingérence militaire couramment appelée ‘’B2’’. Mais lorsque le vice-président de DU, chargé de l’Action revendicative et de la Négociation, s’est rendu au B2, grande a été sa surprise de constater que sur le registre des interpellations et autres gardes à vue, les cinq syndicalistes ne figuraient pas. Ce qui a conduit Jean Rémy Yama et les siens à soupçonner un « enlèvement ».

Il s’agit d’Eric Ndinga Tchibinda (SYPROTTRAT), Cyril Gaston Ndoudi Ledoum (SYNAATEC), Blandine Guenon Imama (SYNATRAT), Joël Pambou (SYNATRASO), et Saturnin Ebienga (SYNAS). Jusqu’au moment où nous mettions sous presse, et selon le communiqué publié par le président de DU, on avait aucune nouvelle des cinq leaders syndicaux. Encore moins sur la qualité des personnes qui les ont interpellés.

On sait que les syndicats de la Société gabonaise de transport (SOGATRA) observent un mouvement de grève depuis plusieurs mois, sinon plusieurs années. Mouvement tout de même suspendu, puis reconduit, à plusieurs reprises. Preuve que des solutions définitives à leurs revendications ne sont pas trouvées jusqu’ici…

Il faut rappeler que ces revendications tournent essentiellement autour du paiement de 11 mois d’arriérés de salaires ; du paiement de 11 mois d’arriérés de prime Covid-19 ; de la régularisation de 3 ans d’arriérés de cotisations sociales et patronales auprès de la CNSS et de la CNAMGS ; etc.

Les auteurs de cet « enlèvement » desdits leaders syndicaux leur reprocheraient-ils de revendiquer leurs droits ? Ont-ils d’autres éléments ou actes qu’ils reprocheraient aux syndicalistes ? Sur ordre

de qui ont-ils agi ? Pourquoi et à quelles fins avoir conduit les personnes interpellées dans un lieu manifestement tenu secret ? Autant de questions qui demeurent sans réponse à ce jour. Toute chose injustifiable dans un pays qui se veut un Etat de droit et surtout où la liberté syndicale est garantie…

Le plus inquiétant est le mutisme des autorités (aussi bien le gouvernement que le président de la République et le Parlement) face à ses actes criminels que se permettent certains, et de manière répétitive. Pourquoi, ceux qui ont juré de protéger les citoyens, d’une manière ou d’une autre, observent toujours une indifférence complice face à de tels abus ?

On se souvient du kidnapping, le 28 juin 2021, de l’ancien président de la section UOB du Syndicat des enseignants chercheurs (SNEC), Mathurin Ovono Ebe. Ce dernier avait déclaré avoir été maltraité et torturé par des personnes dont les identités sont restées inconnues jusqu’à ce jour. Et la plainte qu’il a portée auprès du tribunal est restée sans suite. Comme d’autres d’ailleurs.

Ali Bongo Ondimba, Rose-Christiane Ossouka Raponda, Faustin Boukoubi et Lucie Milebou Aubusson Mboussou, tout comme Marie-Madeleine Mborantsuo, n’êtes-vous pas au courant de tous ces faits ?

Elzo Mvoula

 


 [Ao1]

Article du 15 février 2022 - 10:06am
Article vu "en cours dév"

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