Dans une déclaration faite le 29 novembre 2021, le président de l’Union pour la démocratie et l’intégration sociale (UDIS), Hervé Patrick Opiangah, par ailleurs député de Mounana, lançait un appel à l’organisation d’un ‘’Grand forum économique et social national’’. Des assises qui, disait-il, devraient réunir toutes les forces vives du Gabon, aussi bien celles qui vivent sur le territoire national que celles de la diaspora… Cela dans le cadre d’un dialogue.

« Je vous exhorte à taire nos différences et nos clivages pour nous retrouver et nous interroger, gravement et utilement, sur ce seul point commun, à savoir le devenir de notre chère patrie à laquelle nous sommes toutes et tous si attachés et si liés », déclarait-il.

Et Opiangah de préciser : « La réflexion collective que nous appelons de nos vœux sera une opportunité unique, où les filles et fils du Gabon débattront librement, se parleront franchement et sincèrement sur les différentes branches de notre économie. Les échanges déboucheront à coup sûr sur des solutions meilleures pour redonner de la vigueur, voire réorienter l’économie nationale ».

Pour le leader de l’UDIS, cette grand-messe est inspirée par les difficultés et autres tensions observées sur le terrain, et à l’origine des secousses que connaît notre pays. « Le Gabon, soutient-il, est secoué par une multitude de crises ; il est à la recherche de solutions appropriées pour sa relance et la consolidation de son vivre-ensemble ». Il veut pour preuve, « les plaintes, récriminations, et revendications les plus variées sur la situation préoccupante de notre pays ».

Cette sortie pour le moins inattendue, quoique pertinente à plus d’un titre, avait suscité un réel intérêt dans l’opinion.

De plus en plus de Gabonais tirent le diable par la queue

D’abord parce qu’elle était fondée par un constat que tout le monde peut faire. Il est indéniable qu’inondés par des difficultés sociales, de plus en plus de Gabonais tirent le diable par la queue. Une situation renforcée par des tensions socio-politiques exacerbées par la radicalisation des deux grands camps politiques qui poussent les uns et les autres à se regarder en chiens de faïence, etc.

Ensuite, au regard de la qualité de celui qui lançait ledit appel, surtout dans un pays où toutes propositions ne venant pas de l’entourage immédiat du chef de l’Etat sont automatiquement vouées à l’échec, et leurs auteurs tournés en dérision, traités d’aigris, jaloux…

Or, Hervé Patrick Opiangah est président d’un parti membre de la Majorité républicaine et sociale pour l’émergence (MRSE), très riche homme d’affaires, et est considéré comme étant un membre du dernier cercle des proches d’Ali Bongo Ondimba. Fort de cela, d’aucuns avaient cru que cet appel serait entendu, contrairement à ceux, nombreux, qui l’avaient précédé et venant aussi bien de l’Opposition que de la Société civile.

Malheureusement, jusqu’à présent, l’invite du député de Mounana est restée sans suite. Aucune réaction, ni de la part du président Ali Bongo Ondimba, ni du Premier ministre Ossouka Raponda, même pas du Parti démocratique gabonais (PDG), considéré comme locomotive de la MRSE. Au point où nombreux observateurs accusent Ali Bongo Ondimba et son camp d’être réfractaires à toute idée de rassembler les forces vives de la Nation autour d’une même table. Le Dialogue politique d’Angondjé s’étant avéré un mini-échec, pour rester gentil et courtois.

Ce qui n’est pas forcément rassurant, surtout quand on sait que dans un peu plus d’un an, le Gabon va organiser des élections générales (présidentielle, législatives et locales).

Alors pourquoi tant de frilosité de la part du pouvoir d’Ali Bongo Ondimba ?

Dess Bombe